Pour cette dernière journée à Kyoto, le programme était beaucoup moins chargé que la veille (pour cause de train à prendre à 14h29 précises) mais il s’agissait de se rendre à deux des lieux les plus célèbres de la ville, à commencer par le Kinkaku-ji, le Temple du Pavillon d’Or.
C’est souvent un mélange d’excitation et d’appréhension que j’éprouve quand je vais visiter un lieu très célèbre et vu maintes fois en photos et vidéos auparavant. Excitation pour des raisons évidentes, appréhension parce que je n’aime pas aller voir un endroit célèbre juste « pour l’avoir vu ». En général on ne découvre rien, on n’apprend rien, on ne fait que voir en vrai ce que l’on connait finalement déjà, et on n’en retire rien sinon quelques photos. La réalité de la chose n’a plus aucune importance, on ne va voir cette chose que pour conforter par une autre image l’image que l’on en avait déjà. Mais bon, je ne vais pas commencer à vous citer Debord et Baudrillard ici ; déjà, je n’aime pas le name-dropping (oups, je viens d’en faire… mea culpa, ce sera la dernière fois), mais en plus nous partirions dans des hors-sujets dont nous ne pourrions que difficilement nous extraire.
Pourtant c’est exactement ce que j’ai éprouvé au Kinkaku-ji, sentiment encore plus exacerbé par la disposition du lieu : aucune liberté de mouvement, un chemin unique à suivre, des points de vue prédéterminés, et une foule presque compacte qui réduit encore plus la liberté de visite. En d’autres termes, au Temple du Pavillon d’Or on ne fait pas l’expérience d’un site, on voit un décor au milieu de tout un tas d’autres gens qui ne font l’expérience de rien du tout eux non plus, ils ne font que voir la même chose que vous, c’est-à-dire exactement la même chose que vous avez déjà vu maintes fois sur des photos et des vidéos. Jules Romains n’est pas loin (mais qu’est-ce qu’il me prend avec le name-dropping aujourd’hui ?)
Mais bon, cessons d’être négatif, et essayons de voir ce que je peux vous en raconter d’intéressant (comprendre: qu’est-ce que la brochure raconte-t-elle que je puisse traduire ici). Bon déjà, le vrai nom du temple c’est Rokuon-ji (鹿苑寺- le Temple Impérial du Jardin des Cerfs), mais tout le monde l’appelle Kinkaku-ji parce que c’est le Pavillon d’Or (Kinkaku – 金閣) qui l’a rendu célèbre.
À l’origine (en 1220) le lieu abritait la villa de Kintsune Saonji dont je ne peux pas vous dire grand-chose (le dépliant en anglais d’où je tire mes informations ne dit rien de plus sur lui, wikipedia m’informe qu’il s’agit d’un chef de clan faisant partie d’une branche des Fujiwara). En 1397, trois ans après avoir abdiqué, Yoshimitsu, troisième Shōgun Ashikaga, acheta le site pour y faire construire une villa qu’il voulut exceptionnelle. À sa mort et en accord avec ses dernières volontés, le lieu fut transformé en temple bouddhiste zen. Il ne reste rien de ce temple original sinon le Kinkaku qui était (et est peut-être toujours aujourd’hui ?) un reliquaire, les autres bâtiments ayant été détruits durant la Guerre d’Ōnin. Toutefois, le jardin, typique des jardins de l’Époque Muromachi est resté tel quel au cours des siècles et sa disposition actuelle est la même que celle originale.
Le Pavillon d’Or est composé de trois styles architecturaux. Le rez-de-chaussée est du style Shinden-zukuri, le style des palais et il se nomme Hō-sui-in. Le premier étage, du style Buke-zukuri, celui des maisons de Samouraïs s’appelle Chō-on-dō. Le deuxième étage est du style Karayō, le style des temples zen, il s’appelle Kukkyō-chō. Ce sont les premier et deuxième étages qui sont recouverts de feuilles d’or laquées. Sur le toit de bardeaux trône un phénix chinois.
Le site est inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 1994.
(sources : dépliant du temple et wikipedia)
Voila, c’était le Kinkaku-ji.
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Bonjour David, une petite incursion au sein de votre blog en toute amitié.
Certes, le jardin du Kinkakuji ressemble à un parcours imposé. Mais ne perdons pas de vue que la conception même de ce type de jardin repose sur ce mode de fonctionnement. Dès que les japonais se sont mis à élaborer des jardins dans lesquels il était possible de déambuler, la notion de parcours imposé s'est doucement mise en place. Parcours ponctué de "spot", d'arrêt depuis lequel il est possible d'admirer une vue "cadrée", aménagée de sorte à raconter une histoire, faire une référence religieuse, poétique ou autre, etc. Ainsi, l'île la plus importante des îles de l'étang du Kinkakuji (Ashiharajima) est une représentation de lîle de Honshu… on imagine que Yoshimitsu devait jubiler devant cette vue… tout le monde n'a pas le Japon qui flotte sur son étang ! ^_^
Bref, au delà de cela, la notion de "rapport à l'échelle" me semble également essentielle : qui n'a jamais vu de photo de la Tour Eiffel ?
Et pourtant, comment se rendre vraiment compte de ce qu'est la Tour Eiffel si on ne l'a jamais vu d'en bas ou si l'on est jamais monté en haut ?
Les photos, les vidéos, ne peuvent pas rendre cette notion d'échelle.
Vous avez donc bien fait d'appréhender "in situ" ce majestueux monument, même si cela comporte quelques désagréments, même si tout le monde a déjà vu une photo du Kinkakuji, même si le bâtiment original a brûlé, etc…
et puis, ce n'est pas pire qu'une visite à Lascaux II !
^_^
Au plaisir de vous rencontrer prochainement sur le Shikoku Tour.
m(_ _)m
Oui, oui, Thierry, vous avez tout à fait raison. J'aurais dû être plus explicite à propos de l'aspect "chemin balisé" du lieu. C'est effectivement le cas de la plupart des jardins japonais que j'ai pu visiter (sinon la totalité), mais dans les autres jardins, il reste la sensation de pouvoir aller à sa guise, et la réalité de pouvoir s'arrêter où on le souhaite aussi longtemps qu'on le souhaite, faire des demi-tours, prendre des chemins secondaires quand il y en a (mon premier jardin japonais fut le Ritsurin, visité une après-midi où il était pratiquement désert, donc j'ai forcément mis la barre très haut pour le reste).
Au Kinkaku-ji, j'avais la drôle de sensation (qui était plus qu'une sensation) d'être sur un tapis roulant et de devoir me conformer à la même vitesse, les mêmes arrêts, les mêmes points de vue que tout le reste des visiteurs. Le fait qu'il y avait vraiment beaucoup de monde ce jour-là joue certainement un très grand rôle dans cet état de fait (c'était la foule la plus compacte à laquelle j'ai eu à faire au Japon).
Je comprends tout à fait pour le rapport d'échelle, mais j'ai cette approche très personnelle du tourisme qui doit pour moi comporter soit une part de découverte de choses m'étant inconnues ou alors "d'expérience" des choses connues…
C'est d'ailleurs pour cela que la Tour Eiffel n'a que peu d'intérêt à mes yeux (et vous verrez le "traitement" que j'ai infligé à la Tokyo Tower dans quelques articles). 😉
En tout cas, merci pour ce petit mot, n'hésitez pas à commenter autant que vous le souhaitez, et à très très bientôt.
Je ne savais pas ni ne connaissais.Vous nous faites découvrir des merveilles japonaises où l’on y respire tranquillité et sérénité.Merci