Alors que nous étions revenus d’Umeda et que nous nous apprêtions à rentrer dans notre hôtel, une envie aussi subite qu’irrésistible pris soudain 康代 : elle voulait une glace ! Oui, elle est comme ça parfois, surtout au Japon d’ailleurs, peut-être parce qu’elle s’y sait entourée de glaces 24 heures sur 24 puisqu’il suffit de passer la porte de n’importe quel Konbini pour voir cette envie aussitôt satisfaite.
Nous nous rendîmes donc au Konbini le plus proche (et oui c’était pour cette raison-là qu’il y avait un mystérieux Konbini marqué sur la mini-carte d’Osaka d’il y a quatre entrées) et à son approche quelque chose attira mon attention dans la rue :
Une jeune femme sortit assez brusquement de sa voiture, commença à s’en éloigner, y retourna, hésitante, troublée, puis finalement décida d’aller elle aussi vers ledit Konbini.
Quand nous arrivâmes devant celui-ci, elle parlait, visiblement très triste à un jeune homme d’un âge proche du sien, visiblement un jeune salaryman, tenant son portable à la main et la regardant d’un air pas content, mais alors pas content du tout, et elle de répéter « Sumimasen, sumimasen » tout en essayant de réprimer une montée de larmes pourtant inéluctable.
N’étant pas du genre voyeurs, nous ne nous en formalisâmes pas – bon j’avoue j’étais intrigué – et entrâmes dans le magasin à la recherche des friandises convoitées. Nous les trouvâmes assez rapidement et quittâmes tout aussi rapidement le lieu, quelques centaines de yens en moins dans les poches mais des cornets à la vanille avec des éclats de chocolat dedans entre les mains et un sourire gourmand au visage.
Le couple n’était plus là. Mais dès que nous tournâmes au coin du Konbini et fîmes face à la voiture, je compris rapidement que le couple n’existait certainement plus, la jeune femme étant assise – seule – dans son véhicule en sanglots incontrôlables et je ne vois pas ce qui aurait pu les provoquer sinon une rupture datant de quelques secondes à peine.
J’essayai quelque temps de deviner ce qui avait bien pu se passer, ayant pour seul indice le « sumimasen » désespéré de la jeune femme.
L’avait-elle trompé et il l’aurait appris ? Elle aura voulu s’expliquer, il n’aura rien voulu savoir ? Mais pourquoi ce rendez-vous devant le Konbini alors ?
Était-elle simplement très en retard et ça, ça lui était inacceptable à ce jeune salaryman qui sait bien qu’on ne peut faire confiance à une personne incapable d’être à l’heure à un rendez-vous ? J’en doute, seule ma propre capacité à imaginer des situations aussi saugrenues pouvait accepter un tel scénario.
De quoi en retournait-il donc ?
Nous ne le saurons jamais et bientôt nous arrivâmes à l’hôtel, nos glaces presque terminées.
On pourrait penser que cette anecdote n’a rien de bien particulier, il y a des couples qui se font et se défont partout et tout le temps. Il ne s’agissait que d’un mini soap opera comme on en voit partout et très (trop ?) souvent dans les rues de France et de bien d’autres pays. Mais voila, voir une telle scène au Japon – les Japonais étant bien entraînés à ne montrer que peu ou pas de sentiments en public, et surtout pas de perdre la face dans de telles scènes embarrassantes – me sembla surprenant au point de vouloir en faire une entrée sur ce blog.
En fait, c’est peut-être ça le fameux « esprit d’Osaka ».
Les habitants de cette ville seraient-ils tout simplement des Japonais qui se comportent comme des Occidentaux !?
En savoir plus sur Ogijima
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Je ne crois pas qu’elle l’a trompé.
C’est possible qu’elle devait choisir entre deux mecs, et qu’elle a choisi l’autre (peut-être pour des raisons pratiques ?)…et elle n’était pas du tout certaine d’avoir bien choisi, parce qu’elle aimait son jeune salaryman… Parfois les petites flèches satanées de cupidon vont un peu partout.
Elle a peut-être écrit de la poésie très émouvante le lendemain.