Hasard du calendrier, c’est aujourd’hui que mon récit nous emmène à Hiroshima, ville mondialement connue pour les raisons que l’on sait, puisque c’était là que s’achevait notre voyage dans le Chūgoku avant de partir vers Kyōto puis Tokyo.
Et l’entrée en matière fut immédiate, puisque le Dôme de la Bombe Atomique (ou Dôme Genbaku – 原爆ドーム) se trouvait sur la route de notre hôtel :
Je pourrais essayer d’expliquer ce que l’on ressent lorsque l’on se trouve face à un tel bâtiment, mais c’est tout simplement impossible. Pas le bâtiment en lui-même bien évidemment, mais ce qu’il représente, de savoir que juste au-dessus de là où l’on est, il y a 65 ans, une bombe atomique explosait en tuant entre 70000 et 140000 personnes sur le coup et beaucoup plus au total.
Mais à part ce bref passage devant ce triste monument, les choses sombres et graves allaient devoir attendre jusqu’au lendemain parce que notre première soirée à Hiroshima allait se dérouler dans une ambiance beaucoup plus légère.
Tout d’abord, 孝之 et ma belle-mère nous laissèrent à notre hôtel avant de reprendre la route pour Takamatsu. Un hôtel bien sympathique, en plein centre-ville, du nom de Blue Wave Inn. Un hôtel dont le restaurant super-classe au rez-de-chaussée était un restaurant de Fugu, comme quoi c’est quand même un peu la spécialité de l’ouest du Japon, je n’en ai d’ailleurs pas vraiment revu ni entendu parler ailleurs.
Après quelques minutes de repos à l’hôtel, nous retrouvâmes Jud qui eut l’immense gentillesse de nous faire découvrir une petite partie d’Hiroshima by Night. Car une chose que j’ai apprise, essentiellement sur son blog, c’est que les gens d’Hiroshima sont vraiment parmi les Japonais les plus ouverts et ils ont un appétit de vie inégalé – je pense – dans ce pays. Est-ce une des conséquences de la Bombe ? Je n’en sais rien. Peut-être que oui, une espèce de sentiment de libération et de volonté de vivre que l’on ne peut connaitre uniquement lorsqu’on a connu l’horreur la plus affreuse ; ou peut-être que cela n’a rien à voir, que les habitants d’Hiroshima ont toujours été comme cela et que penser que cela a un rapport avec la Bombe est un réflexe de Gaijin, une volonté inconsciente de vouloir toujours tout ramener à la Bombe dès que l’on mentionne cette ville.
Au final, la cause, on s’en fiche. Le résultat c’est que les gens d’Hiroshima, du moins ceux que j’ai rencontrés, mais tous ceux que j’ai rencontrés, sont vraiment plus ouverts et extravertis que tous les autres Japonais que j’ai aussi rencontrés, au point que si je devais nommer le comportement des habitants d’Hiroshima, je le ferais en utilisant le qualificatif de « Latin » !!!
Je pourrais ici vous narrer une soirée mémorable dont je n’aurais que peu de souvenirs pour cause de divers excès nocturnes, mais cela serait mentir. D’un côté, j’étais assez fatigué ; de l’autre, n’étant pas exactement intime avec Jud, j’avais cette sensation de devoir me tenir un minimum quand même, même si je suis sûr qu’elle ne se serait pas formalisée d’un comportement autre. Mais surtout, je savais que c’était une très longue journée qui nous attendait le lendemain et que la passer avec une énorme gueule de bois ne serait pas la chose la plus intelligente à faire. Nous avons au final passé une soirée beaucoup plus calme qu’on aurait pu l’imaginer (par « on » j’entends les gens qui me connaissent bien d’un côté, et ceux qui connaissent bien Jud de l’autre, quoique je ne sais pas ce qu’elle a fait après notre départ), ce qui ne l’empêcha pas d’être quand même une soirée passionnante, Jud et moi échangeant nos expériences assez uniques de Gaijins mariés à des Japonais, mais qui n’ont pas du tout suivi le parcours habituel de la plupart des Français dans cette situation (vous savez : mangas et/ou arts martiaux, puis apprentissage du japonais, puis voyage au Japon dont on rêvait depuis toujours, puis rencontre de la faune locale avec les relations amoureuses qui en résultent ou non).
À mentionner aussi, après un apéro à la terrasse du New York New York, un bar qui n’a pas d’occidental que le nom, le Choi-Choi-Ya, resto-bar de Shiho, l’amie de Jud, où nous avons pris un excellent dîner (Hiroshima-fuu Tsukemen et Yakiramen – merci à Jud pour la correction) dans une super ambiance : extraversion des locaux, associée au fait que Jud connaissait bien à peu près tout le monde sur place et à un passage plus ou moins surprise de certains de ses amis (que je connaissais déjà par l’intermédiaire de son blog, ce qui étonna grandement Bobby : il était connu en France, chose assez surréaliste à ses yeux !!!).
Bref, une super soirée. Merci encore Jud pour ton accueil et à très bientôt je l’espère.
[iframe: width= »450″ height= »350″ frameborder= »0″ scrolling= »no » marginheight= »0″ marginwidth= »0″ src= »http://maps.google.com/maps/ms?ie=UTF8&hl=en&t=k&msa=0&msid=212441473012985392543.00048d179413c5921c2c6&ll=34.392994,132.460399&spn=0.012395,0.019312&z=15&output=embed »]
View 31 mai 2010 – Hiroshima in a larger map
En savoir plus sur Ogijima
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Le rapport entre la bombe et le comportement des habitants d'Hiroshima ne semble pas n'être qu'une idée de gaijin, les gens d'ici l'évoquent aussi. En effet, même ceux qui sont trop jeunes pour l'avoir vécu ont entendu les récits des anciens et ont été très sensibilisés au sujet pendant leur scolarité, sûrement un peu plus que les élèves d'autres régions. Ils pensent que le fait d'avoir dû tout reconstruire, tout recommencé à zéro leur a donné une certaine énergie, leur a forgé le caractère.
Tout le monde se sent très concerné par le sujet de la Paix. Une bande d'amis ont édité pendant plusieurs années un petit magazine appelé "Peace", un autre ami imprime chaque année une série de T-shirts sur le thème de la Paix et reverse les bénéfices au Musée de la Paix, et enfin depuis 13 ans, mon mari et ses amis organisent le 6 au soir une petite soirée dans un parc avec Dj's, BBQ et Bar appelée "Summer of Love" pour montrer que la jeunesse d'ici est positive et que cette journée n'est pas qu'une journée de commémoration austère.
Sinon pour les Tsukemen, c'est bien ça (attention dans d'autres régions, il existe aussi un plat appelé Tsukemen qui n'a rien à voir, on voit les 2 dans les images de ton lien Google) donc pour être plus précis il faut appeler ça "Tsukemen d'Hiroshima ou Hiroshima-fuu Tsukemen" http://www.google.co.jp/images?hl=ja&q=%E5%BA%83%E5%B3%B6%E9%A2%A8%E3%81%A4%E3%81%91%E9%BA%BA&um=1&ie=UTF-8&source=og&sa=N&tab=wi
En revanche le plat que tu avais pris s'appelait "yaki-ramen" et non "yaki-soba", c'est un plat de Fukuoka, voilà
Ben revenez quand vous voulez !
Coucou,
Ouais, j'ai vraiment ressenti pendant tout le séjour à Hiroshima cette volonté pacifique qui fait chaud au coeur, même si j'ai peur que les habitants d'Hiroshima surestiment un peu leur capacité à penser pouvoir influencer les autres (et par les "autres" j'entends les pays alliés, puissants et belliqueux, surtout les US). Je vais certainement en parler dans mon prochain post (sauf si j'oublie).
Merci pour les corrections. 🙂