En fait, je vous ai déjà parlé de Il Vento, mais à l’époque ça s’appelait Was du liebst, bringt dich auch zum weinen. Quelque chose me dit que l’œuvre a été renommée parce que les Japonais sont bien incapables de prononcer une telle phrase en allemand (même si on a vu pire dans le rapport consonnes/voyelles). Pourquoi le remplacer par un terme italien ? Pourquoi celui-ci ? Je n’en sais rien (ce jour-là on m’aurait demandé, j’aurais choisi La Pioggia).
En fait, certainement pour n’offenser personne, l’œuvre d’art de Tobias Rehberger s’intitule toujours Was du liebst, bringt dich auch zum weinen, c’est le restaurant qui s’appelle Il Vento. Le fait que les deux ne soient qu’une seule et même chose n’étant qu’un détail.
En fait, nous n’avions pas prévu de retourner voir Il Vento (ou Was du liebst, bringt dich auch zum weinen, comme vous préférez), mais les circonstances en ont décidé autrement. Nous étions à Ieura sur Teshima et il nous restait une bonne trentaine de minutes avant que le bateau devant nous ramener à Takamatsu n’arrive. Nous avions donc décidé de nous balader dans le village quand nous fûmes surpris par une averse que je pensais ne pouvoir trouver qu’en pays tropical… ou apparemment au Japon pendant la saison des pluies…
C’est alors que nous vîmes le bâtiment à l’entrée reconnaissable entre toutes par ses lignes vaguement parallèles noires, blanches et rouges. Une minute plus tard, nous étions au chaud et au sec, buvant un café et mangeant un gâteau dans Il Vento.
Je dois avouer que ce petit épisode m’aura réconcilié avec l’œuvre. Je pense que le fait que nous étions seuls dans le bâtiment (avec la serveuse et le cuisinier) a d’ailleurs joué un grand rôle dans ce fait.
En octobre, il y avait des dizaines de personnes dans ce restaurant qui n’est finalement pas si grand, on se marchait un peu dessus et l’aspect si particulier du lieu rendait un peu claustrophobe. Là, l’expérience fut toute autre : nous disposions pour nous seuls d’une œuvre d’art faite par un artiste mondialement connu !
D’ailleurs, c’est un des avantages de visiter les îles du Setouchi International Art Festival aujourd’hui ; certes, il y a moins d’œuvres, mais il y a aussi moins de monde, au point que presqu’à chaque fois que nous sommes allés en revisiter une, nous étions seuls ou presque pour en disposer.
Priceless.
D’ailleurs, j’ai les chiffres définitifs du nombre de visiteurs du Festival, ils donnent presque le vertige. Pour mémoire les organisateurs estimaient avant son démarrage que le Festival serait un succès si la barre des 300,000 visiteurs était atteinte.
Le festival dura un peu plus de trois mois, du 19 juillet au 31 octobre 2010.
La barre des 300,000 visiteurs fut franchie le 5 septembre !
Le nombre total de visiteurs fut de 938,246 !
Si vous étiez sur place, vous comprendrez mieux pourquoi ces foules, le nombre insuffisant de bateaux et les longues files d’attente. D’ailleurs ayant découvert Teshima durant le Festival, je dois avouer que je la trouvais bien vide l’autre jour, mais ce n’était pas pour me déplaire à la visite des œuvres.
Une petite anecdote amusante. Pour ceux qui ne me connaissent pas personnellement, je mesure 1m87, pas une taille exceptionnelle en Europe, mais un petit peu plus au Japon. Un truc qui m’amuse ou m’agace (selon l’humeur) c’est le fait que les Japonais s’inquiètent très souvent de ma taille et du fait que je puisse me cogner ici ou là, en particulier quand je passe certainement portes de vieux bâtiments. Je comprends et apprécie leur attention, mais je reste toujours dubitatif devant le fait qu’ils ne saisissent pas que je connais ma taille et que je sais me déplacer dans un espace tridimensionnel en fonction de celle-ci, exactement de la même façon qu’eux savent le faire. Certainement toujours ce vieux réflexe de « c’est un étranger donc les lois de la physique et de la nature ne s’appliquent pas à lui comme elles s’appliquent à nous Japonais » qui afflige encore trop d’entre eux.
Ceci dit :
À cause des perspectives hasardeuses de Was du liebst, bringt dich auch zum weinen, je ne me suis pas cogné une fois, mais deux dans l’encadrement de la porte de la photo précédente. La serveuse n’a même pas réagi. Chose étrange à première vue, j’ose croire que cela arrive souvent et qu’elle s’y est habituée.
Si jamais vous passez dans le coin, Il Vento donc situé à Ieura, sur Teshima. Il donne sur le port, vers la droite (l’ouest) après avoir accosté. Il est ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h00 à 17h00. L’entrée est de 300¥, mais est gratuite si on consomme (un café coûtant lui aussi 300¥ si je me souviens bien).
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Je suis toujours convaincu que la moitié des gens sortant de cette oeuvre ont frolé la crise d’épilepsie!
Je suis étonné des chiffres du festival, on ne parle plus de réussite, mais de succès abolu :p
Y avait-il beaucoup d’étrangers quand tu y avais été la derniere fois?
En fait, étrangement les photos donnent plus mal à la tête que la réalité. Quand on est dans le lieu, ça pique moins aux yeux, c’est juste les perspectives qui sont bizarres et le dimensions de la pièce difficiles à évaluer. Et encore surtout c’est la pièce du rez-de-chaussée la plus terrible (celle en noir et blanc), celle du premier étage (verte avec des points) est moins terrible. Peut-être avaient-ils peur que des gens tombent de l’escalier.
Le succès en nombre de visiteurs est effectivement phénoménal. Espérons maintenant qu’il y aura un impact durable. N’oublions pas que le but premier du festival est de faire découvrir la culture des îles de Seto aux Japonais (et au reste du monde) de leur faire prendre conscience que si rien ne change il n’y aura plus personne sur celles-ci d’ici à 20 ans.
Pour l’instant je suis optimiste. Naoshima est devenu un lieu mondialement connu grâce à la Benesse Fundation, le projet s’étend sur Teshima et Inujima. Oshima s’ouvre de plus en plus au monde et il y a de belles initiatives sur Ogijima qui donne de l’espoir.
Je pense que le prochain festival en 2013 sera crucial pour le succès à long terme de l’opération.
Je parlerai plus en détails de tout cela plus tard (par petits bouts comme ici, et aussi avec des posts dédiés à la chose).
Quant aux visiteurs étrangers, ils étaient en très petite minorité, la plupart des expats vivant au Japon et des journalistes (en fait j’avais le statut de journaliste sur place). Mais c’est normal, il n’y a eu que peu de pub sur le Festival à l’étranger avant qu’il ne débute. Je pense que c’est une erreur, mais une fois de plus l’organisation ne comptait pas sur un tel succès. Je pense (espère) qu’il y aura plus de pub à l’étranger pour le prochain, maintenant qu’il est connu au Japon. J’ai eu la chance d’en toucher deux mots à quelqu’un assez haut placé du bureau du Ministère du Tourisme de Shikoku, espérons que ça servira un peu (même si les gouvernements ont une durée de vie très limitée au Japon, je pense que les fonctionnaires de chaque ministère restent en place pour la plupart).
À noter que les publications que j’ai trouvées sur le Festival étaient toutes bilingues japonais / anglais (je parlerai plus en détails de celles-ci bientôt, et en traduirai des extraits ici). Donc c’est bon signe (elles viennent de Benesse Fundation par contre, pas du Ministère)
Je vais donner un autre son de cloche quant à la présence étrangère. Gauthier, si j’en crois ton avatar, on s’est déjà croisé sur DozoDomo, et si c’est le cas, tu as peut-être lu mes articles sur le week end de 3 jours passé là bas (moins orientés art… si ça t’intéresse, le 1er des 3 articles est là : http://nitosa.wordpress.com/2010/10/12/iles-flottantes/ -Désolé David de l’auto promo, mais si je peux aider à découvrir aussi un peu ce coin…)
Bref, en ce qui me concerne, sur Naoshima précisément, j’avais presque l’impression d’être revenu en Europe. C’était le 11 octobre 2010 donc plutôt vers la fin, et il y avait énormément d’occidentaux.
Petite anecdote d’ailleurs… Sakura est partie aux toilettes, notre amie avec qui nous faisons le voyage est à une boutique de souvenir, et moi j’attends comme un benet blanc (blanc benet) que ma douce ait fini ses affaires… Nous sommes sur le port (on vient d’arriver) et un homme qui travaille là, si j’en crois sa tenue (mais à quoi faire??? sécurité? circulation? renseignements?…) me remarque et m’aborde avec un large sourire : « Can I help you sir?
– Ah! iie! sumimasen! watashi no kanojo wo matteimasu! (non, excusez moi, j’attends ma petite amie -lui désignant les toilettes-)
– Ooooh! You speak Japanese???
– etooooo……. hai!…..(beiiiiiin…… oui… -donc pourquoi tu continues à me parler anglais?-…)
Depuis j’ai eu beaucoup d’autres échanges du même acabit, et plus évolués (je m’améliore heureusement) où, de toute façon, puisque le mec parle anglais, et que donc il en est fier, il te parlera anglais… Et la conclusion que je tire maintenant de ces aventures là,c’est qu’à chaque fois, il y avait une tonne de Blancs autour de moi (genre au Nijo-jo de Kyôto où là j’ai même pas compris ce que la femme m’a dit en anglais, et je lui ai fait répéter en Japonais). Conclusion finale : si un Japonais te parle anglais, c’est qu’il travaille dans un milieu blindé de gaijin. CQFD, (de mon point de vue :))
Pas de problème pour l’autopromo quand elle est contextuelle (ou pas d’ailleurs, l’option « comment luv » est là pour ça – oui bon tant qu’il y a de vrais commentaires avec, je vire les spammers qui ne postent que pour bénéficier du « comment luv », mais ils sont rares).
Oui, il y avait certes plus d’étrangers sur Naoshima (j’en ai quand même pas vu au point de me sentir en Europe par contre. 😉 ), je parlais de mon impression globale (j’en ai vraiment pas vu beaucoup sur les autres îles sinon quelques Coréens). Mais c’est un peu toujours le cas sur Naoshima, Festival ou pas (car c’est la seule île de Seto connue en Occident – avec Miyajima). Je pense toutefois que la plupart étaient des expats (même si je ne peux le confirmer), toi le premier d’ailleurs. 😉
Sinon, c’est un truc que je n’ai pas trop saisi, puisqu’on parle de Naoshima, c’est le nombre de gens (étrangers ou pas) ne venant au Festival que pour une journée seulement et visitant seulement Naoshima… où toutes les oeuvres ou presque étaient permanentes. Certes c’est l’île la plus facile d’accès depuis Honshu, mais c’est bizarre/dommage.
oui tu as raison sur tous les points… Pour le dernier, effectivement ceux qui viennent seulement sur Naoshima et pendant le festival n’ont pas tout compris… Après je pense quand même que le festival est une bonne occasion de programmer un passage là bas, et de là, peut-être que ceux n’ayant pas la possibilité de tout faire (ou une bonne partie), ou de rester plusieurs jours donnent la priorité à ce qu’il y a de plus connu… C’est effectivement dommage… Mais espérons qu’ils reviendront la fois suivante pour voir le reste…
(et pardon mais c’est quoi le comment luv? je vois bien où c’est mais ça fonctionne/sert à quoi?)
Oui, tu as raison aussi. 😉 Si leur visite de Naoshima peut les faire revenir pour le reste plus tard, c’est une bonne chose.
« Comment luv » c’est un plugin qui permet à un commentateur d’avoir automatiquement un lien vers le dernier post de son blog inclus dans son commentaire pour pouvoir faire son auto-promo sans avoir à s’en excuser. 😉
Maintenant, ça attire aussi un peu les spammeurs (pas des bots, mais des spammeurs humains, bien pires à mes yeux), mais rien de grave.
Mmm… Par contre, je le vois décoché, alors qu’il devrait l’être par défaut si je ne m’abuse. Voyons voir dans les options…
Si j’ai bien compris, c’est coché par défaut pour les autres, mais pas pour moi en fait.
Quelqu’un peut confirmer ?
je confirme!
Et ok je comprends mieux! Sympa comme petit plugin ^^
Je suis démasqué! Je suis passé une ou deux fois sur le tien, Niwatori, mais maintenant que j’ai l’adresse de tes débuts, je ne manquerais pas de le dévorer!
Est-ce que tu pourrais me rappeler, David, combien il y a eu d’éditions du Festival?
J’aime à penser que dans 2 ans, je déambulerais peut-être dans les îles de la Mer Intérieure.
C’était la première édition.