Le 3 juin fut une autre journée très remplie et nous n’avons donc pas trop traîné le matin avant de nous rendre à Kiyomizu-dera, un des lieux les plus célèbres de Kyoto.
Mais avant de vous parler de ce Temple de l’Eau Pure, je me dois de partager une anecdote des plus truculentes.
Alors que nous montions la rue menant au temple et que celle-ci n’était pas encore trop bondée (au Japon, je découvre souvent les avantages que se lever tôt en vacances peut apporter, en particulier celui d’éviter les foules trop importantes dans les lieux touristiques), je fus soudainement abordé par un groupe de sept collégiennes qui voulaient savoir si je pouvais participer à une tâche que leur avait demandé leur professeur d’anglais.
Notez bien qu’elles ne m’ont absolument pas demandé si je parlais anglais. N’oubliez pas que pour la majorité des Japonais, un Occidental parle couramment anglais et puis c’est tout (on va rigoler le jour où mes parents m’accompagneront au Japon).
Nous étions en pleine saison des voyages scolaires, d’ailleurs les collégiens et lycéens constituèrent la majorité des touristes au cours de cette journée et de la suivante, et je présuppose que, connaissant le nombre important de touristes occidentaux à Kyōto, les professeurs d’anglais en profitent pour donner ce genre de devoirs à leurs étudiants. Plus tard dans la journée c’est un groupe de garçons qui faillit m’aborder et finalement non : ils arrivaient vers nous dans la rue, l’un d’entre eux, en me voyant, hurla presque « Gaijin ! » à ses compagnons qui après un instant d’hésitation lui fit signe que non, alors qu’il se dirigeait déjà vers moi. À croire que je ne correspondais pas au profil ou que, plus probablement, puisque c’était la fin de la journée, ses compagnons n’avaient plus envie de s’efforcer de (mal) parler anglais.
Revenons à nos collégiennes.
Je me demandais comment allait se dérouler l’interview qu’elles me proposaient et la réponse ne tarda pas à venir quand l’une des filles fut plus ou moins poussée vers moi par ses amies. Elle était certainement la moins timide, ou alors celle qui parlait le mieux anglais. Il est vrai qu’elle ne se débrouillait finalement pas trop mal. Enfin, en ce qui concerne l’expression, parce que quand il fut question de comprendre mes réponses – pourtant exprimées le plus simplement possible – ce fut une autre histoire, mais ses amies (plus timides mais comprenant mieux la langue ?) ne la laissèrent pas dans l’embarras et vinrent aussitôt à sa rescousse. Restait encore l’obstacle de l’écriture : elles ne devaient pas encore totalement maîtriser l’alphabet romain (pourtant je pensais qu’il était appris à l’école primaire) car elles notèrent la plupart de mes réponses directement en Kana (pour un exercice d’anglais, ça la fout mal), sauf pour quelques noms propres qu’elles eurent un mal fou à retranscrire, et ce malgré mon aide (pourtant je n’ai jamais épelé aussi distinctement de ma vie, mes anciens étudiants seraient jaloux).
Les questions ?
Rien de bien transcendant :
- D’où je viens ? De France. « Oh ! Furansu ! Sugoi ! » (prononcez : [Fouransou] et [Sougoï])
- Comment je m’appelle ? David. Heureusement, il y en avait une qui savait l’écrire.
- Combien de temps est-ce que je passe au Japon ? Trois semaines.
- Quel est l’endroit que je préfère ? Je ne sais plus si j’ai répondu Miyajima ou Kyōto.
- Pourquoi ? « Parce que c’est très intéressant ». (si j’entrais plus dans les détails, je sentais que ma réponse serait « Lost in Translation »)
- Quel est mon plat japonais préféré ? J’ai dû répondre Sanuki Udon.
- Quel est mon chateur préféré ? J’hésitais entre Nine Inch Nails et Explosions in the Sky, mais vu qu’elles n’allaient connaître ni les uns, ni les autres, j’ai dit Radiohead. Pas une n’en avait entendu parler non plus, et moi qui pensais qu’au moins eux seraient connus au Japon, apparemment non, ou alors pas par des gamines de 14 ans. J’espère qu’elles ne s’attendaient pas à ce que je réponde un truc de J-Pop…
- Et deux trois autres questions que j’ai oubliées…
Une fois l’interview terminée, elle me demandèrent de signer et je répondis par écrit à deux questions de leur prof : « Comment s’était déroulée l’interview ? » (très bien) et « Que pensez-vous de leur niveau d’anglais ? » (pas mal mais des progrès à faire en compréhension), puis ce fut une profusion de mercis, et bien entendu, elles voulurent prendre une photo. J’ai accepté à une seule condition : que moi aussi je puisse prendre une photo d’elles.
Et voila :
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