Comme presque tous les matins passés à Takamatsu, la journée débuta par un délicieux et copieux petit-déjeuner devant la TV. Ce qui m’interpela ce matin-là, ce fut les infos internationales. Déjà, le fait qu’il y en avait est notable en soi, mais leur contenu l’était encore plus. Il s’agissait d’un flash info de NNN qui dura en gros cinq minutes. Au cours de ces quelques minutes, il fut question de :
- La marée noire dans le Golfe du Mexique. Jusque là, rien de bizarre.
- L’arrivée de plusieurs destroyers de l’US Navy dans le port de New York City en prévision de Memorial Day quatre jours plus tard ; ce qui est déjà un peu plus bizarre, mais encore compréhensible (pour cause de nombreux GIs stationnés au Japon et de ce genre de choses).
- Un sujet de deux minutes environ sur un petit gamin dans un centre commercial d’Istanbul qui est tombé du haut des escalators et qui fut sauvé in-extremis par quelqu’un. Deux minutes !!!
Voila donc les trois choses qui se sont passées dans le monde (allez, disons : « hors de l’Asie ») le 27 mai 2010 selon les medias japonais.
Le reste du journal étant consacré à l’histoire d’un homme qui aurait tué sa maîtresse ou leur enfant à naître (j’ai pas bien tout suivi) parce qu’elle ne voulait pas avorter mais elle était hospitalisée et il aurait mis je ne sais quel produit dans son intraveineuse.
Et là, si j’ai un conseil pour vous, c’est de ne jamais vous retrouver en délicatesse avec la justice au Japon. Car point de présomption d’innocence, ni de droit à l’image, ni même de réserve de la presse. L’homme – qui n’était encore que suspect à ce moment-là de l’affaire, il est nécessaire de le rappeler – voyait non seulement sa vie déballée à longueur de JT, et ce sur plusieurs jours, mais aussi tous les détails les plus sordides de l’affaire, si bien que l’opinion publique l’aura déjà condamné avant même le procès. D’ailleurs, les journalistes aussi n’imaginaient pas une seule seconde qu’il puisse être innocent et – truc inimaginable dans nos contrées – ces mêmes journalistes le pourchassaient dans la rue, caméra au poing (car il n’était même pas encore incarcéré – ou bien il y a une caution ou quelque chose du genre) pour l’interviewer.
Affaire qui fit dire à ma belle-mère le célèbre laïus comme quoi « le Japon est vraiment un pays dangereux quand même » (sous-entendu « contrairement à d’autres pays où l’on ne risque absolument rien comme la France »), j’en ai déjà parlé par ailleurs.
Pour déjeuner, nous nous sommes rendus à mon restaurant de sushi préféré (j’ai envie de dire « au monde »), dont j’avais déjà parlé lors de mon précédent voyage et qui est toujours aussi délicieux. La raison est toute simple : les poissons y sont toujours aussi hyper-frais car sortis de l’eau moins d’une journée (voire quelques minutes à peine) avant d’être consommés.
Il s’appelle Kaihō (海寶) et je vous le conseille plus que chaudement si vous passez dans la région.
En voici deux photos moches (il y en a une autre moins moche, mais plus petite dans le lien ci-dessus) :
Après le déjeuner, mes beaux-parents m’ont emmené au centre commercial Saty pour me montrer une chose qui est à mon avis l’une des plus incompréhensible du Japon : le Pachinko !
Le Pachinko, qu’est-ce que c’est ?
Chaque fois que j’en entends parler en français, il est presque à chaque fois décrit comme « un billard vertical » et cela m’avait toujours intrigué au plus haut point. En fait, de billard, cela ressemble plutôt à un flipper si on tient absolument le comparer à un objet occidental, mais un flipper dont il n’y aurait pas de flipper (justement) et où on se contente de lancer des petites billes, plusieurs à la fois, et on espérera qu’elles tomberont dans les bons trous qui vous feront gagner.
Bref, l’intérêt ludique de la chose est nul, il s’agit plus d’un jeu de hasard que d’autre chose et effectivement « jeu de hasard » est le terme qui décrit le Pachinko le mieux, puisque ce qui fait son énorme succès au Japon c’est que c’est en réalité un jeu d’argent qui ne dit pas son nom et qui est plus ou moins l’équivalent des machines à sous occidentales.
Le Pachinko que j’ai essayé n’était pas un vrai, dans le sens où – situé dans un centre commercial – on ne peut y gagner que de simples jetons permettant d’y rejouer.
Et quelque part c’est tant mieux, non seulement j’ai toujours trouvé que les jeux d’argent étaient des attrape-couillons (sauf ceux, rares, où il y a un intérêt ludique réel) mais surtout, je pense que je ne survivrais pas plus d’une minute ou deux dans une véritable salle de Pachinko, le bruit y étant incessant et totalement assourdissant ; rien que de passer devant l’un d’eux quand les portes sont ouvertes donne l’impression d’une fanfare répétant dans 15 mètres carrés.
Après avoir essayé quelques fois (et gagné cinq jetons !) je me suis lassé au bout de quelques minutes.
Je me suis donc levé de ma machine pensant que ma belle-famille m’attendait. Sauf que non : quelle ne fut pas ma surprise quand je vis mes deux beaux-parents installés chacun à une machine et totalement pris dans leur… Leur jeu ? Disons : leur activité… Si bien que c’est nous qui avons dû les attendre de trop longues minutes… C’est d’ailleurs la seule et unique fois que j’ai vu ma belle-mère montrer assez explicitement des sentiments quand elle gagna le gros lot (peut-être une cinquantaine de jetons). Je vous dis : incompréhensible…
Paradoxalement, ce dernier était (vaguement) plus intéressant, puisqu’on dispose d’un vague contrôle sur la balle et là où elle va tomber.
View 27 mai 2010 – Takamatsu in a larger map
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