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Journalisme Télévisé au Japon (2e Jour – 20 mai 2010 – première partie)

 

Au réveil : les infos. Il y fut question du scandale de l’amiante (le scandale japonais, à ne pas confondre avec le scandale français ou le scandale américain ou le scandale… Mmmm… « Marrant » comment il est mondial ce scandale…), un problème de fièvre aphteuse touchant les vaches de Kyūshū, et les émeutes à Bangkok.

Arrêtons nous deux minutes sur les émeutes de Bangkok (au passage, je n’en ai plus entendu parler depuis ce jour-là, ni au Japon, ni en France, une actu chasse l’autre comme d’hab) ou plutôt sur le traitement fait par les journalistes japonais de celles-ci.

En fait, je comprends beaucoup mieux pourquoi les journalistes japonais se font souvent tuer dans ce genre de situations (Rangoon, Bangkok déjà) : à voir les images filmées, les journalistes ne sont pas à quelques mètres de l’action, mais bel et bien au cœur de l’action !!! Les balles sifflent littéralement à leurs oreilles, on se croirait presque dans un film ou, au contraire, on croirait que les films de guerre d’aujourd’hui, caméra à l’épaule, style Peter Berg ou Paul Greengrass (que j’aime beaucoup au passage, surtout Peter Berg) s’inspirent du style des reporters japonais.

Après ça, les Américains soi-disant « embedded » et les Français qui commentent les évènements depuis leurs hôtels font doucement rigoler quand même.

Maintenant, il faut avouer que ça fait partie de la logique info-spectacle qui semble dominer totalement le journalisme japonais de nos jours. Un peu comme avec les faits divers.

Plus sordide le crime sera, plus le temps qui lui sera consacré dans le journal télévisé sera important, avec forces détails, interviews de tout le monde, y compris des suspects (et croyez-moi la présomption d’innocence et le respect de la vie privée sont des concepts plus que vagues, voire inexistants au Japon, je ne parle même pas de droit à l’image) et ceci ad-nauseam, au point de convaincre une bonne partie du peuple japonais que leur pays est un lieu extrêmement dangereux. La preuve : n’ai-je donc pas vu comment ce crime perpétré par cet homme et à propos duquel les infos et les talk-shows d’actu font des sujets de plus de dix minutes dessus est odieux ?!

Et quand vous expliquez à votre entourage japonais que si les infos insistent autant sur ces crimes, c’est justement que parce que ce genre de fait divers est rare. En France on en parlerait un peu, et aux US pas du tout tellement c’est commun. Et quand vous expliquez – chiffres à l’appui – que le Japon est l’un des pays les plus sûrs du monde, ce qu’il se passe dans l’esprit de votre interlocuteur à ce moment-là c’est en gros « mais il ne sait vraiment pas de quoi il parle ce gaijin ! »

Chiffres à l’appui ce dont je parle c’est ça :

Nombre d’homicides volontaires par an et pour 100 000 habitants (source wikipedia):

  • USA : 5,4
  • France : 1,6
  • Japon : 0,44 (seuls Singapour, l’Islande et le Liechtenstein ont moins de meurtres par habitant que le Japon)

J’aurais presque tendance à croire que cette statistique est tenue secrète au Japon.

Il y a une autre chose qui est notable à la télévision japonaise, je pense même qu’il s’agit d’une véritable institution au Japon : je veux parler de la potiche télévisée !

Quelle que soit l’émission, sérieuse, pas sérieuse, infos, talk show, qu’importe, il y a aura toujours une ou plusieurs jeunes et belles femmes derrière ou à côté de celui (ou plus rarement celle) qui anime l’émission en question. Mais attention, son rôle ne se résume pas à « sois belle et tais-toi », non. Elle doit aussi :

  • acquiescer de la tête très souvent pour ponctuer certaines phrases de l’animateur.
  • tenir des panneaux annonçant je ne sais quelle donnée et qui pourraient très bien être des incrustations vidéos (mais bon, la moitié de l’écran en est déjà recouverte).
  • faire un commentaire à raison d’une moyenne de 10 mots toutes les cinq minutes.

Oui, je sais, je parle pas mal de télévision, mais comme dans tous les pays étrangers, la télévision est un instrument tout bonnement fascinant à mes yeux pour découvrir certains aspects de la culture d’un pays. Et comme j’ai pas mal eu l’occasion de la regarder le matin (réveillé plus tôt que d’habitude, ne pouvant réellement participer aux discussions familiales, etc.).

(à suivre…)


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5 commentaires sur “Journalisme Télévisé au Japon (2e Jour – 20 mai 2010 – première partie)”

  1. La potiche est omniprésente à tous les niveaux de tous les services. C'est un poste social occupé par toutes celles dont le physique le permet, entre la fin du lycée et le mariage (voire le premier enfant ou plus si le physique le permet "vraiment").

  2. En même temps la télé Japonaise ( pour en avoir supporte quelques minutes sur Internet ) c'est TF1 mélange a du M6 / MTV soit : du n'importe quoi et c'est pas nouveau 🙂

    Ps : J'ai remarque que tu écrit tes articles ( ils sont longs en plus ) très tard le soir ( minuit environs ), hésite pas a te reposer aussi les lecteurs ( moi compris ) peuvent attendre le lendemain

  3. La télé japonaise reste un grand mystère pour moi qui mérite d'être étudié plus en avant (et n'oublie pas qu'en général ce qui atterrit sur internet n'est pas forcément représentatif de la chose).

    J'écris mes articles quand j'ai le temps, et donc c'est souvent le soir (mais j'appellerais pas minuit "très très tard") mais en fait, si j'ai tendance à les poster le soir, je les écris avant (et ces deux derniers ont été écrits ensemble au cours des deux derniers jours, et postés relativement tôt).
    Merci de t'inquiéter pour mon repos en tout cas… 😉 Mais ne t'inquiète pas, 22h-minuit c'est le créneau où je fonctionne le mieux parfois.

  4. Moi qui ignorais tout de la télévision japonaise (hormis NHK World), me voilà servi.
    En fait, si je vivais au Japon, mes habitudes resteraient les mêmes qu’en France : pas de télé.

    (Je n’ai pas de télé dans mon appart. Juste mon laptop. Les rares émissions susceptibles de m’intéresser sont rapidement disponibles en podcast… c’est parfait.)

    Si c’est pour avoir des niaiseries type TF1-like juste bonnes à « vendre du temps de cerveau disponible », c’est bon quoi !

    Merci pour cet article fort intéressant. 😉

    1. En fait, je trouve qu’une TV quand on vit à l’étranger est assez indispensable, ne serait que les premiers mois.
      La raison principale est linguistique, qu’on le veuille ou non, c’est le meilleur outil au monde pour se perfectionner dans une langue (et apprendre les expressions qui sont pas dans les manuels et ce genre de choses).
      La deuxième raison est culturelle, elle est aussi un excellent outil pour comprendre certains traits culturels d’un pays (pourquoi la France est le pays où on peut pas allumer une TV quelques heures sans tomber sur un débat par exemple?)

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