Donc, il y a 10 jours de cela s’est déroulé un évènement à la fois très officiel et assez confidentiel à la marina de Takamatsu.
Le dinghy bangladais de Bengal island dont je vous ai souvent parlé et dont je vous ai montré plusieurs étapes de la construction a été lancé.
C’était mon premier lancement de bateau, et l’évènement se révéla plus riche en émotions que je ne l’avais imaginé.
Nous sommes arrivés sur les lieux un peu avant 10 heures du matin, et nous avons retrouvé sur place la presque totalité de la délégation bangladaise, une bonne majorité des artistes japonais (et étrangers) de Bengal Island, ainsi que quelques locaux – dont nous. Bien que très officiel (l’ambassadeur du Bangladesh au Japon était présent, ainsi que Fram Kitagawa, le grand manitou de la Setouchi Triennale), l’évènement était en même temps assez intime. Pour une raison que j’ignore, il n’y avait pas eu beaucoup de publicité pour l’évènement et rares étaient les personnes présentes n’ayant pas des connaissances liées au lancement ou à Bengal Island. D’un côté, la chose aurait méritée une plus grande audience, de l’autre elle aurait perdu ce côté intimiste, tout le monde connaissant – au moins de vue – une bonne partie des autres membres de l’assemblée présente.
À notre arrivée, les préparatifs étaient pratiquement terminés. L’on s’activait beaucoup autour du dinghy, mais surtout pour des séances photos.
Puis tout le monde s’écarta du bateau, la cérémonie pouvait alors débuter :
Je vous ai déjà touché deux mots de Wasama Doja, c’est grâce à lui et à sa cordialité que je me suis intéressé à tout ceci plus en avant. C’était aussi grâce à lui que j’étais présent ce matin-là. C’est aussi grâce à lui que j’ai enfin compris l’émotion et l’attachement que l’on peut ressentir face à un bateau. Je comprends désormais beaucoup mieux tout un pan de l’humanité (je n’exagère pas) pour qui les bateaux sont beaucoup plus qu’un simple véhicule. Et cela inclut les gens de la Mer de Seto bien entendu.
Les musiciens bangladais fournirent une ambiance sonore de circonstance.
Les choses sérieuses débutèrent avec une bénédiction shintō du bateau, réalisée par Douglas Brooks assisté de Koji Matano et Takumi Suzuki :
Puis le lancement à proprement parler put avoir lieu :
Si le rite shintō se déroule juste avant la mise à l’eau, le rite bangladais, lui se déroule quelques secondes après la mise à l’eau. Le dinghy a donc eu la chance d’être bénit par les deux rites (et si la dimension spirituelle de la chose ne me touche pas trop, il n’en est pas de même pour la dimension symbolique).
Puis la voile est hissée, pour la toute première fois :
Le dinghy s’ébat dans la marina. Les enfants qui attendaient depuis un moment de pouvoir lancer leurs dériveurs se lancent à leur tour à l’assaut de la Mer de Seto.
Puis certains invités et amis purent monter à son bord, à commencer par Fram Kitagawa bien entendu :
Alors que la cérémonie officielle était terminée, et que la plupart des gens commençaient à partir, certaines personnes furent invitées à naviguer quelques minutes dans le bateau, principalement les autres artistes de Bengal Island qui étaient présents :
Quelques autres rares personnes furent invitées à son bord :
Oui, vous l’aurez compris avec ces deux photos, nous firent partie de ces rares invités. Ce fut une totale surprise pour moi, alors que nous étions sur le ponton pour prendre des photos et discuter avec les gens présents, Wasama m’annonça soudain : « Allez, vous êtes les prochains ! »
Je ne m’y attendais absolument pas et j’aurais du mal à vous expliquer à quel point ce geste me toucha.
Le temps sur le bateau dura seulement quelques minutes, mais le sentiment de se retrouver sur cet objet que j’ai vu apparaître et se développer de semaine en semaine à partir de quelques bouts de bois est assez indescriptible. Oh et puis c’est moi qui ait hissé la voile.
Durant le mois qui s’est écoulé, j’ai rencontré des gens d’une extrême gentillesse, une culture que je ne connaissais absolument pas et que je découvre fascinante, et surtout, un intérêt pour les bateaux a grandi peu à peu en mois. Vu mon lieu de vie depuis bientôt deux ans et pour certainement de nombreuses années à venir, c’était inéluctable, mais qui aurait pu imaginer que cela viendrait de trois Bangladais dont deux qui ne parlent même pas anglais. La construction et la mise à l’eau de ce bateau devant mes yeux pendant un mois fut une expérience enrichissante à bien des égards, et soyons honnêtes, j’ai du mal à traduire tout cela en mots, peut-être cela viendra un peu plus tard quand les choses se seront tassées. En attendant, un énorme merci à :
Wasama Doja
Muhammad Abdul Halim
Vojon Chandro Sutradhor
Je vous souhaite à tous trois tout le bonheur du monde et j’espère que nous routes se croiseront de nouveau ici ou ailleurs (ils ont quitté le Japon dès le lendemain).
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