Aller au contenu

 

Le week-end dernier se déroulait le matsuri d’Ogijima. Un évènement plutôt rare, puisqu’il ne se déroule qu’une fois tous les deux ans. Une autre des conséquences de la dépopulation. Moins de gens pour le préparer, moins de budget, etc. Comme la situation est similaire sur Megijima, les deux îles ont décidé il y a quelques années d’alterner leur matsuri. Les années paires sur Ogijima, les années impaires sur Megijima. Je vous avais parlé du matsuri de Megijima l’an dernier, et cette année était la première fois que j’avais l’occasion d’assister à celui d’Ogijima : il y a deux ans, je l’avais bêtement loupé, il y a quatre ans et les années précédentes, je ne vivais pas encore à Takamatsu et n’était pas sur place en août.

Le matsuri se déroule en général sur deux jours. Le samedi soir il débute au Kamo-jinja, le sanctuaire un peu en dehors du village – je n’ai pas participé à cette partie du matsuri qui doit être certainement très intimiste vu qu’elle se déroule après le départ du dernier ferry pour Takamatsu. Le dimanche matin, il se termine au Toyotama-hime-jinja, au sommet du village. Le dimanche, il débute à 10 heures, mais après mettre levé à l’aube le dimanche précédent pour prendre le ferry de 8 heures, je n’avais pas le courage de réitérer la chose ce dimanche-ci, donc j’ai raté le début.

Une des raisons pour lesquelles j’aime beaucoup les matsuri au Japon, c’est qu’ils sont tous uniques, et celui d’Ogijima n’a pas dérogé à la règle. Je vous ai déjà montré des matsuri grandioses, des matsuri impressionnants, des matsuri conviviaux et amusants (cliquez sur le lien en début de paragraphe pour en avoir un échantillon) ; sur Ogijima, c’était encore un nouveau type de matsuri que je découvrai. Un matsuri intimiste, chargé en émotions, presque sérieux en fait.

Pourquoi donc ? Pas sûr. Certainement une combinaison de plusieurs facteurs. Tout d’abord le lieu en lui-même : il n’y a pas beaucoup d’espace devant le sanctuaire de Toyotama-hime, donc on y est serrés, et il n’y a pas beaucoup de place pour les démonstrations impressionnantes. La situation dans laquelle l’île se trouve aussi. Encore mourante il y a trois ans, elle n’est pas encore tirée d’affaire même si les choses vont mieux. Ce matsuri, c’est l’histoire de l’île, une partie très importante de son identité, et il s’en faudrait de peu pour qu’il disparaisse. Tout le monde en est conscient. Et s’il venait à disparaître, ce serait un coup mortel à l’identité de l’île. Le fait qu’il ne se déroule que tous les deux ans l’a rendu encore plus précieux. J’avais aussi ressenti cela sur Megijima l’an dernier, mais dimanche dernier sur Ogijima, ce sentiment était encore plus exacerbé. Un signe qui ne trompe pas : habituellement, quand je me rends dans un matsuri, les vieux (locaux) s’y font finalement assez rares : trop de bruit, trop de monde, il y ont assisté des dizaines de fois dans leur jeunesse, etc. Au matsuri d’Ogijima, ils sont là, ils ont revêtu leurs plus beaux habits. C’est pas de la rigolade, ni une activité du dimanche pour eux. Ils le regardent avec sérieux, gravité presque. Ils comprennent bien plus que nous sa signification, et ils savent que c’est peut-être la dernière fois qu’ils y assistent.

Mais il y a autre chose dans leur regard. Il y a aussi une joie, un espoir. Le fait est que le matsuri est là, bel et bien vivant, et que le flambeau semble rester allumé encore pour quelque temps. Un signe qui pousse à l’optimisme : un certain nombre des organisateurs cette année, en plus des organisateurs que je présuppose « historiques », sont des nouveaux résidents de l’île : la famille Fukui, Tomie-chan (il faudra que je vous parle d’eux un de ces jours), peut-être certains de ceux que je n’ai pas encore rencontrés aussi. Je vous l’ai déjà dit, mais l’espoir revient à Ogijima depuis un an environ. Pour la première fois depuis plusieurs décennies, la population de l’île à augmenté cette année, de près de 10% (entre 15 et 20 nouveaux résidents, une chose inespérée, il y avait trois ans, voire même deux ans de cela). L’île ne meurt pas encore, peut-être même commence-t-elle à revivre vraiment. Mais rien n’est gagné, rien ne sera jamais gagné tant que certaines mentalités ne changent pas, tant que certaines facettes de la société ne changent pas.

En tout cas, vivante, elle l’était en ce dimanche pluvieux, pour ce matsuri tout en simplicité, presque calme, pas photogénique (la bâche pour protéger de la pluie n’aidant pas) et où s’étaient retrouvés un certains nombres des résidents et des amoureux d’Ogijima :

 

Ogijima Matsuri 2014 - 1

Dès notre arrivée, nous tombâmes sur monsieur Oshima (avec son inimitable pantalon orange qui me fait envie depuis longtemps) – c’est une autre différence pour moi entre ce matsuri et tous les autres : beaucoup de personnes que je connais (certaines seulement de vue, d’autres beaucoup mieux) et qui me connaissent, je n’y étais pas juste « le touriste étranger de passage et arrivé là un peu par hasard ».

 

Ogijima Matsuri 2014 - 2Notez les caméras de télévision. Pas moins de trois chaînes étaient présentes pour couvrir l’évènement. Le lendemain, OHK diffusait un chouette reportage sur Monsieur Fukui. Je n’ai malheureusement pas vu ce qu’on fait KSB et RSK.

 

Ogijima Matsuri 2014 - 3

 

Ogijima Matsuri 2014 - 4

 

Ogijima Matsuri 2014 - 5

 

Ogijima Matsuri 2014 - 6

 

Ogijima Matsuri 2014 - 7

 

Ogijima Matsuri 2014 - 8

 

Ogijima Matsuri 2014 - 9

 

Ogijima Matsuri 2014 - 10

 

Ogijima Matsuri 2014 - 12

 

Ogijima Matsuri 2014 - 13

Je ne connais pas cet homme, mais je l’ai trouvé très touchant : aux premières loges, et pourtant essayant de se faire le plus discret possible, de se cacher presque.

 

Ogijima Matsuri 2014 - 14

Distribution de riz (et de saké) par le prêtre du sanctuaire.

 

Ogijima Matsuri 2014 - 15

La fanfare de Koebi-tai était présente elle aussi.

 

Ogijima Matsuri 2014 - 16

 

Ogijima Matsuri 2014 - 17

La « chorale » des hommes. L’homme de gauche, que je ne connaissais pas et qui n’était pas sobre (il y avait quand même une dimension festive au matsuri, tout n’était pas solennel non plus), insista pour que je chante avec eux, ou du moins que je reprenne le « Hoyoh! » du refrain avec eux… À chaque fois, quelques secondes avant le moment de chanter, il m’interpela, me rappelant que le moment arrivait et qu’il ne fallait pas que j’oublie, tout ça de cette manière un peu ridicule mais si amusante que l’ivresse vous donne parfois.

Les hommes chantaient quelques couplets, les femmes en chantaient d’autres, le résultat était très beau. J’ai essayé de le filmer, mais comme il pleuvait, je n’ai pas sorti mon caméscope et me suis contenté de mon téléphone. Le résultat aurait pu être meilleur (même chose pour la majorité des photos, prises avec mon vieux appareil automatique ou mon téléphone et pas mon appareil habituel) :

 

[iframe width= »640″ height= »360″ src= »//www.youtube.com/embed/nCdQGCr1CdI » frameborder= »0″ allowfullscreen]

 

Ogijima Matsuri 2014 - 18

Monsieur Tanigawa (au premier plan à droite) à qui je dois indirectement beaucoup quant au lien que j’ai tissé avec Ogijima. Il ne le sait pas, et je crois que ça le gênerait si un jour je le lui disais.

 

Ogijima Matsuri 2014 - 19

Une jeune participante au matsuri qui n’était pas timide. Si vous vous demandez, non, elle ne vit pas à Ogijima. Comme la plupart des jeunes participants, ils vivent à Takamatsu ou dans les environs, mais ont des liens familiaux avec l’île (dans son cas, ses grands-parents vivent sur l’île).

 

Ogijima Matsuri 2014 - 20

 

Ogijima Matsuri 2014 - 21

 

Ogijima Matsuri 2014 - 23

 

Ogijima Matsuri 2014 - 24

L’intérieur du sanctuaire tout beau, tout décoré (la plupart du temps, il est vide).

 

Voila, c’est tout pour le matsuri d’Ogijima, en espérant que vous ayez l’occasion de vous y rendre un jour (notez : le premier week-end d’août, les années paires).

 

 

2 commentaires sur “Matsuri d’Ogijima, 2014”

  1. Merci David pour ce beau reportage qui nous fait découvrir le « vrai » Japon!
    C’est tout à fait le genre de choses que j’aurai envie de vivre lorsque je me rendrai au Pays du Soleil Levant.

    1. De rien, et merci toi aussi pour le gentil mot.

      Pour vivre ce genre de choses, c’est finalement assez simple : sortir des sentiers battus… littéralement. 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *