Bon, cette année, j’ai un peu de mal à publier des interviews d’artistes comme je l’avais fait il y a trois ans et compte encore le faire cette année. J’en ai déjà publié un en anglais, d’autres arrivent très bientôt, mais je vous avoue que je ne sais pas si j’aurai le temps de les traduire en français.
Heureusement, il y a quelques artistes francophones, et le premier à m’avoir répondu est Mounir Fatmi qui va exposer sur Awashima pendant la session d’automne. Il a très gentiment accepté de répondre à mes questions et j’espère que nous aurons l’occasion de nous rencontrer quand il sera sur place.
En attendant, laissons-le nous parler un peu de lui et de son oeuvre à venir pour la Triennale de Setouchi :
Pouvez-vous nous parler un petit peu de vous ?
Je m’appelle mounir fatmi, je suis né à Tanger au Maroc.
J’ai fait des études d’art à l’École des Beaux Arts de Casablanca, puis je suis parti à Rome pour faire l’école de nus et de gravure à l’académie de beaux arts et finalement j’ai terminé ma période d’études à la Rijksakademie à Amsterdam.
Je me suis toujours présenté comme un travailleur immigré. J’expose là où on m’invite. Je suis quelqu’un en déplacement permanent. Je n’ai aucune nostalgie des lieux, je peux être ici aujourd’hui et ailleurs demain. J’ai quitté le Maroc vers la France en 1999 et j’y habite et j’y travaille jusqu’à maintenant.
Comment avez-vous entendu parler de la Triennale ?
Cela fait plusieurs années que j’ai entendu parler de la Triennale de Setouchi, je connais plusieurs artistes qui ont déjà participé. L’année dernière j’ai eu l’invitation du commissaire Toshio Kondo et j’ai fait un premier voyage de repérage pour voir l’île.
Rapidement j’étais séduit par la beauté et le mystère de toutes les îles qui font partie de la triennale. Je savais que j’allais commencer un long dialogue avec cet espace.
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’y participer ?
Ce qui m’a donné envie de participer c’est surtout le mystère que cette île dégage.
Mais aussi le fait que la plupart des lieux que j’ai visités étaient vides et désertés par les habitants. J’ai compris par la suite que la plupart des jeunes sont déjà partis dans d’autres villes attirés par les lumières des grandes métropoles. Pendant toute ma visite, je ne pense pas avoir vu d’enfants, c’était très étrange. Je me suis trouvé pour la première fois dans un espace qui risque de ne plus avoir de futur. Je me suis demandé ce qu’il adviendra de l’île dans les prochaines années.
Avez-vous pu choisir l’emplacement de votre œuvre ? Si oui, quelle est la chose qui a guidé ce choix ?
Oui, j’ai réussi finalement à choisir l’emplacement de mon installation, elle sera dans une école désertée. C’est très original que pendant la triennale toute l’île devienne un espace d’exposition. L’île va surement ajouter plus de mystère sur les œuvres.
Que pouvez-vous nous dire de votre œuvre?
Mon installation porte le titre de The Song of the Children All Gone, c’est pendant ma visite dans cette école où j’ai découvert la classe de musique et un piano qui attend le retour des jeunes qui sont passés par l‘école que j’ai imaginé l’installation.
J’ai découvert aussi dans le jardin de l’école une sculpture en bronze de trois enfants, deux garçons et une fille. Les deux garçons pointe avec leur doit le ciel, alors que la fille, elle point avec son doit la terre. Cette sculpture a fonctionné comme un déclencheur, comme le début d’une histoire.
Cela m’a donné envie par la suite de réaliser un film don, j’ai commencé l’écriture.
Pendant la triennale, je vais faire un premier tournage et je vais surement revenir l’année prochaine pour terminer le film.mounir fatmi / le 10 Août 2016
Un grand merci à Mounir Fatmi et il me tarde vraiment de voir son oeuvre.
Pour la petite histoire, quand il a commencé à me parler de l’école d’Awashima, j’ai cru qu’il s’agissait de la vieille école où il y a souvent des artistes en résidence et qui était déjà lieu d’exposition en 2013.
En fait non, il s’agit de l’école qui était encore ouverte à l’époque et a fermé en 2014. Même si j’essaie toujours d’insister sur les choses positives qui se passent dans la région, n’oublions pas que la dépopulation continue son travail destructeur sur la plupart des communautés des environs.
Crédits photos :
- Portrait de Mounir Fatmi par David Tardé
- Photos de l’école par Mounir Fatmi.
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