La nuit était tombée, et ce soir-là, nous avions décidé de visiter Gion, le célèbre quartier historique de Kyoto, celui des geishas ! (pas le seul en fait, mais celui que les non-Kyotoïtes connaissent)
Allions-nous en croiser ? Le suspense était à son comble.
Mais avant de répondre à cette question, quelques lignes sur le quartier lui-même.
Situé entre la Kamo Gawa et le Sanctuaire Yasaka, le quartier date du Moyen-Âge, et fut construit à l’origine pour accueillir les pèlerins se rendant au sanctuaire. Il est encore aujourd’hui composé essentiellement de Machiya ce qui lui donne une apparence pas si différente que celle qu’il avait à l’Époque d’Edo, période durant laquelle, les geishas sont apparues et sont devenues populaires. Un certain nombre de ces Machiya, sont aujourd’hui des Ochaya où officient les geishas, ou plutôt Geiko comme on les appelle à Kyoto, mais ça vous le saviez déjà.
Si contrairement à quelques clichés et rumeurs persistants Gion n’est et n’a jamais été un « quartier chaud », il faut malheureusement reconnaître, qu’une partie du quartier, juste au nord de Shijo-dori, n’a rien à voir avec le Gion que l’on imagine ; elle est remplie aujourd’hui de hostess bars, de night clubs. Dommage. Mais si vous vous rendez sur place ne vous contentez pas de visiter la partie sud de Gion (celle au sud de Shijo-dori), car les rues autour du canal Shirakawa sont tout simplement magnifiques, comme cette photo bien trop floue peut en témoigner :
Mais la question que vous vous posez tous est : « Est-ce que j’ai vu des Geisha ? »
La réponse vint assez rapidement ; justement dès que nous avons quitté ces quelques pâtés de maison pour traverser Shijo-dori. Elle apparut devant nos yeux, sortant presque de nulle part et s’apprêtant elle aussi à traverser la rue pour à se rendre à son rendez-vous dans le quartier où nous nous rendions :
Je fus tellement surpris que je pris la photo sur le champ, en la cadrant mal, de peur qu’elle ne s’évapore certainement, ou plutôt parce que le feu pour les piétons passait au vert.
En fait, il ne s’agissait pas d’une geisha, mais d’une Maiko, c’est-à-dire une apprentie geisha. Comment est-ce que je le sais ?
Grâce à plusieurs éléments :
- Sa coiffure est plus richement décorée que celle d’une Geiko et, surtout, relevée pour que l’on puisse bien voir sa nuque peinte de cette façon si particulière.
- Son kimono a des couleurs vives et variées.
- Son Obi est très grand. Comme vous pouvez le voir il tombe très bas dans son dos. Un Obi de geisha sera plus discret.
- Son maquillage est lui aussi différent, mais je ne connais pas exactement ces différences.
Et comme j’ai raté cette première photo (et les suivantes ne sont pas glorieuses non plus) je vous la remets mais recadrée :
Maintenant, si vous croisez des geishas, n’oubliez pas une chose : elles sont en train de travailler (ou plutôt en train d’aller à leur rendez-vous de travail), elles ne sont pas là pour faire plaisir aux touristes (pour cela il y a de fausses geishas ici ou là qui posent parfois près des lieux les plus touristiques), ni en représentation. Alors, même si elles sont habituées à être prises en photo dans la rue, ne faites toutefois pas comme ces touristes espagnoles qui étaient à côté de nous et qui l’ont suivie jusqu’à son lieu de rendez-vous, et pire – nous sommes retombés sur elles quelques minutes plus tard – espionnaient à travers les barres de l’entrée de l’Ochaya pour essayer de voir ce qu’il se passait à l’intérieur.
Et après on s’étonne qu’un certain nombre de Japonais pensent que les étrangers sont des malotrus…
Surtout que je suis presque sûr –même si je n’ai osé le faire- que si on demande très poliment à une geisha de s’arrêter pour une photo, elle le fera quelques secondes, tant qu’on ne la dérange pas trop et que l’on se comporte courtoisement.
C’est ce que j’aurais dû faire lors de la rencontre suivante, mais je fus presque tétanisé et n’ai malheureusement pas osé. En effet, quelque temps après la vision de cette première Maiko, alors que 康代 et moi marchions dans une rue totalement déserte, une forme s’approcha de nous à pas rapide, jusqu’à bientôt ne plus être qu’à quelques centimètres de nous. Il s’agissait cette fois-ci d’une « vraie » Geiko ! Mon appareil-photo en main, je ne pus que la regarder passer, elle si près, moi la bouche bée : un de ces êtres aussi mythique, presqu’irréel était là, juste devant nous, à portée de main, sans autre âme qui vive dans cette rue que nous trois.
Le temps de reprendre mes esprits, elle était déjà loin et la photo que j’osais finalement prendre un peu trop sombre :
Le reste de notre promenade du quartier se fit sans autre anecdote notable, j’étais d’ailleurs surpris par le nombre (proche de zéro) de touristes que nous croisions. Le fait que comme partout ailleurs, les touristes ont souvent peur de s’éloigner des grands axes, surtout la nuit, est finalement bénéfique au quartier, je n’ose l’imaginer envahi de centaines de personnes harcelant les Maiko, pervertissant le lieu comme beaucoup d’autres de part le monde.
Est-ce notre esprit aventureux associé d’un respect de l’atmosphère du quartier ? Je ne sais pas, mais les Kami de Gion ont daigné nous accorder la chance d’apercevoir une dernière Maiko, toute jeune et accompagnée de sa « mère », juste avant que nous ne quittions ce lieu magique et ne retournions vers la folie que peut-être Shijo-dori la nuit.
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