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Dans cet article, il va surtout être question de Battle Royale. Vous le trouverez soit très intéressant, soit pas du tout. J’espère que ce sera la première option.

Si vous ne connaissez pas encore – ce qui est très dommage – sachez que Battle Royale est une œuvre « multiforme » d’anticipation qui décrit un Japon devenu république totalitaire où des collégiens doivent lutter à mort sur une petite île coupée du monde. Multiforme, parce que si l’œuvre originale est un roman de Koshun Takami, sorti en 1999, celui-ci fut très rapidement adapté à la fois en film et en manga, Takami prenant part à l’écriture des deux adaptations. Et si ça vous fait penser à Hunger Games, c’est parce que celui-ci est quand même un peu un plagiat du premier.

De nos jours, c’est surtout le film qui est connu, d’ailleurs et comme beaucoup de monde, j’ai découvert l’œuvre par celui-ci. Mais aujourd’hui, je vais surtout parler du roman et d’un manga. Mais pas du manga écrit juste après le roman, un autre.

 

Hmmm… Je sens que ça devient un peu compliqué si vous ne connaissez pas l’historique de la publication des œuvres. Donc je résume:

En 1999 sort un roman du nom de Battle Royale.

C’est un best-seller et l’année suivante, il est adapté à la fois en film et en manga.
Au passage, je vous conseille très très chaudement la lecture du roman et le visionnage du film (sinon je ne ferais pas un article entier dessus, et peut-être bientôt un autre). J’aurais un peu plus de mal à vous conseiller le manga. Surtout parce que je ne l’ai pas terminé. Voyez-vous, les gens ne connaissant pas Battle Royale imaginent souvent qu’il ne s’agit que d’ultra-violence gratuite, racoleuse et sans intérêt au final pour quiconque a plus de 16 ans (et à ne pas non plus mettre entre les mains de quiconque à moins de 16 ans). En fait, rien n’est moins vrai. Le roman et le film sont d’une richesse insoupçonnée. Il s’agit d’œuvres fortes justement parce que la violence (très présente, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit) est juxtaposée à des portraits d’adolescents plus ou moins réalistes dans leur complexité et dans leur façon de faire face à cette violence dont ils sont à la fois les acteurs et les victimes. Violence qui au passage n’est jamais glorifiée, au contraire, bien au contraire.
Le manga par contre, c’est un peu le contraire : c’est peut-être très « défoulatoire », mais le contenu est très léger, la subtilité de pas mal de personnages passe à la trappe, et c’est parfois gratuit et racoleur. Bref, un seinen manga presque typique (beaucoup d’action, de violence et de sexe et pas beaucoup d’autres choses), et donc pas intéressant à mes yeux.

S’ensuivent, quelques années plus tard, un deuxième film et un deuxième manga que nous passerons poliment sous silence (le film parce qu’il est nul – alors qu’il aurait pu ne pas l’être – le deuxième manga parce que je ne l’ai pas lu, mais je ne me fais pas d’illusions quant à sa qualité). Notez que Takami n’a écrit ni l’un ni l’autre, ceci explique certainement cela.

Finalement, en 2014, sort un nouveau manga s’appelant Angels’ Border. Ce manga, très court, relate deux histoires parallèles à l’intrigue principale et met sur le devant de la scène deux des filles du phare. La première histoire se déroule essentiellement dans le phare, la deuxième est en très grande partie un flash-back se déroulant à Takamatsu, et là, si je ne vous ai pas perdu en route, vous commencez à comprendre pourquoi je suis en train de vous parler de tout cela.

 

En effet, si dans le film, aucune indication n’est donnée quant à l’emplacement de l’île (et il fut essentiellement tourné dans la campagne aux alentours de Tokyo ainsi que sur une des îles assez éloignées de Honshu mais faisant administrativement partie de Tokyo et dont j’oublie le nom), et si pour le manga original, j’ai oublié, sachez que dans le livre, par contre, la localisation de l’île est très clairement indiquée. Elle se situe dans la Mer Intérieure de Seto, et plus précisément dans la Préfecture de Kagawa ! En fait, sachez que Koshun Takami vivait dans Kagawa quand il a écrit son roman. Il paraîtrait qu’il y vivrait encore, et je ne désespère pas retrouver sa trace un jour et qui sait de l’interviewer ? ?

Il y a même une carte en début de livre :

 

 

L’île est imaginaire, mais comme vous le voyez, elle est censée être située entre Ogijima et Teshima. Sachez aussi qu’elle s’appelle Okishima. Si vous avez quelques bases de japonais, vous savez qu’Ogijima et Okishima s’écrivent en utilisant les même hiragana: おぎじま et おきしま respectivement. Et en lisant le livre, il n’y a aucun doute, l’île de Battle Royale est plus que fortement inspirée d’Ogijima. Et pour tout vous avouer – vous le savez peut-être déjà si vous êtes un lecteur de la première heure – ce fut en fait la motivation de ma toute première visite de l’île il y a presque neuf ans.
D’ailleurs je compte relire le roman très prochainement, et je partagerai certainement certains morceaux choisis ici même.

Et le truc c’est que le manga de 2014 se situe dans l’univers du roman et pas du manga original (puisque roman, film et manga, bien que racontant la même histoire dans les grandes lignes, mettant en scène les mêmes personnages, se situent dans des univers légèrement différents, comme des univers parallèles, quoi : il ne se passe pas toujours la même chose, certaines situations, personnages, etc, sont différents d’un support à l’autre), c’est-à-dire que dans Angels’ Border aussi l’action se situe sur une île fortement inspirée d’Ogijima. Au point que l’artiste, Mioko Ohnishi, s’est rendue sur l’île pour ses décors. Et cette fois-ci, je conseille chaudement le manga, mais pas avant d’avoir lu le roman (ou d’avoir vu le film, même si quelques personnages sont légèrement différents).

Donc ces derniers jours, j’ai scanné les cases montrant l’île et je suis allé chercher les lieux équivalents dans la réalité (ou pas).

Je ferai de même plus tard (quand il fera moins froid) avec la deuxième histoire, celle qui se déroule à Takamatsu (mais dans des quartiers où je ne passe pas souvent, il y a même quelques lieux dont je ne suis pas trop sur de l’emplacement).

Voici, le résultat ?

 

Tout d’abord, même si l’île fictive s’inspire très fortement d’Ogijima, les dispositions des deux îles sont très différentes l’une de l’autre. Si la configuration d’Ogijima ne vous est pas familière, je vous invite à aller faire un tour sur Google Maps.

 

La topographie des deux îles est aussi assez différente :

 

Ogijima

 

Okishima

Quoique, je viens de retrouver cette vieille photo (provenant de ma première visite de l’île) montrant celle-ci sous un angle inhabituel, et….

 

 

 

Le lieu principal de la première histoire est donc le phare, où se joue un épisode assez important (et dramatique) de l’histoire, et qui est aussi un des lieux les plus notables d’Ogijima.

 

J’étais un poil trop près pour prendre cette photo (par rapport à celle d’au-dessus)

 

Le verso de la photo précédente qui rappellera des choses aux fans du film (toutefois je rappelle que le film n’a absolument pas été tourné sur Ogijima).

 

Bon par contre, désolé, j’ai pas de drone pour poster une photo comparable, une fois de plus, un tour sur Google Maps vous donnera une idée de la réalité.

 

Comme vous pouvez le voir, la différence principale réside dans le fait que dans le roman et Angels Border, la maison du gardien du phare est intégrée au phare, dans la réalité elle est séparée (et est devenue un petit musée depuis, le phare étant automatisé depuis une vingtaine d’années). Dans la fiction, le phare et ses bâtiments sont aussi plus spacieux. Finalement, il y a un troisième bâtiment dans la réalité (juste sur la gauche de la photo, hors-champ) où un trouve un petit bureau pour l’actuel gardien officieux du phare, des toilettes publiques et quelques autres pièces où je ne suis jamais entré (des débarras ?)

Dans les deux cas, quand on se retrouve dans l’enceinte du phare, on a l’impression d’être dans un mini-monde unique un peu coupé du monde.

 

 

 

Cette première histoire ne se déroule pas uniquement dans le phare, quelques scènes (trop peu à mon goût) se déroulent aussi dans le reste de l’île.

Dans l’école :

 

Je n’ai pas pris de photos de l’école actuelle (car c’est interdit, pour respecter la vie privée des enfants, entre autres choses – malheureusement certains visiteurs ont du mal avec ceci sur Ogijima, essentiellement les « touristes à chats » et à cause d’eux on voit pas mal de signes « interdiction d’entrer » fleurir sur l’île ce qui est dommage). Sachez qu’elle n’a rien à voir avec ce dessin qui fut réalisé en 2013 ou 2014. L’école fut reconstruite en 2015-2016, mais le bâtiment précédent n’avait aucune ressemblance avec le dessin non plus. L’artiste a pris un autre modèle situé ailleurs. Où ? Mystère.

 

Finalement, un seul dessin dans les rues du village (ce qui est bien dommage), mais j’ai reconnu le lieu instantanément :

 

 

Si ça vous intéresse, sachez qu’il s’agit de l’arrière du sanctuaire de Toyotomahime, en haut du village.

 

Voila, c’est tout pour aujourd’hui, mais avant de vous laisser, je résume, au cas où vous seriez intéressés. Les œuvres que je vous conseille chaudement sont :

  • Battle Royale, le roman, par Koshun Takami
  • Battle Royale, le film, réalisé par Kinji Fukasuka
  • après avoir lu ou vu au moins l’un des deux précédents : Angels’ Border, un manga écrit pas Koshun Takami et dessiné par Mioko Ohnishi et Yohei Oguma.

 

À suivre avec « Takamatsu en manga »

 

Sources visuelles :

  • Les photos sont toutes de moi.
  • Les dessins sont tirés de Battle Royale: Angels’ Border de Takami Koshun (auteur), Ohnishi Mioko (dessinatrice), Oguma Yohei (dessinateur). Viz Media (2014).

 

5 commentaires sur “Ogijima en Manga”

  1. Excellent article David ! Pour m’être déjà livré à une enquête de ce genre sur un roman, je sais à quel point cela peut-être amusant et passionnant.
    De Battle Royale je connais les films (enfin le premier parce que le deuxième est strictement sans intérêt) et le manga. Je ne m’étais jamais posé la question des lieux dans lesquels se déroulent l’action et je suis épaté que cela soit près de chez toi. En même temps ce n’est pas d’étonnant vu le paquet d’îles qu’il y a en mer intérieure.
    En tout cas à travers ton article on sent bien la passion qui t’a animé pour ces recherches. Bravo et vivement la suite !

    1. Merci beaucoup.
      Oui, j’adore faire ce genre de recherches et je n’en ai que trop peu l’occasion. (et j’avertis de suite les lecteurs de Kafka sur le Rivage, impossible de retrouver aucun lieu, Murakami est très vague à dessein)

      Je te conseille la lecture du roman si ça t »intéresse, d’ailleurs je viens de finir ma lecture précédente, je pourrais bien commencer à le relire dès ce soir.

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