Donc mardi, mon amie M devait se rendre sur Shodoshima et elle nous invita, une amie commune et moi à nous y rendre avec elle, histoire d’aller y profiter du beau temps.
Nous n’avions rien prévu et nous avons tout improvisé (mon type de balade préférée, soit dit entre nous).
Voici donc à quoi cette journée a ressemblé.
Notez, que je continue à apprendre à utiliser mon nouvel appareil-photo, donc certaines photos sont perfectibles. Je vois par exemple qu’il faut que je fasse attention aux surexpositions (mais étant avec des amies, je n’ai pas non plus passé beaucoup de temps avec les réglages avant d’appuyer sur le déclencheur).
Arrivés au port d’Ikeda, notre premier fut la maison des parents de M, située au sommet d’une colline de la Péninsule de Mito. Voici la vue depuis le devant de la maison :
Nous nous sommes promenés quelques minutes dans la forêt près de la maison, pour y observer d’autres paysages magnifiques ainsi qu’un shishigaki, un des murs traditionnels qui autrefois recouvraient toute l’île ou presque et dont le but premier était de protéger les terrains cultivés contre les sangliers. Le but second étant de bien délimiter les dits terrains pour éviter certains conflits de voisinages. On en trouve encore par ci par là sur l’île, certains sont même devenus des œuvres d’art.
En descendant vers la pointe de la Péninsule de Mito, nous sommes passés devant Garden of the Border où l’artiste, Mitsuharu Doi (enfin, je crois que c’est lui) était en train de faire des rénovations et modifications à son œuvre à grands coups de (petite) pelleteuse. Malheureusement nous ne nous sommes pas arrêtés.
La pointe de la péninsule (aussi la pointe sud de Shodoshima) offre toujours un spectacle magnifique :
Nous retournâmes ensuite vers Ikeda pour y déjeuner (du somen, bien entendu) mais pas avant un petit arrêt aux abords du village de Konoura, un des villages les plus chouettes de l’île (parce qu’on y trouve des gens d’une gentillesse sans bornes) pour y aller voir une œuvre de la Triennale de Setouchi que je ne connais pas trop (elle avait fait ses débuts à l’automne 2016, je ne l’avais donc visitée qu’une seule fois). Je veux parler de Shiomimi-so par Kana Koh, Toshimitsu Ito et les étudiants de la Faculté d’Art de Hiroshima City University.
Il faudra que je lui dédie un article entier un de ces jours, en attendant, voici quelques photos :
Juste à côté, sur une toute petite colline, un très grand escalier menant à un tout petit sanctuaire :
Après manger, nous avons continué notre périple vers une fabrique de sauce de soja très spéciale.
Avant d’aller plus loin, un petit aparté : l’office du tourisme et quelques autres organismes officiels ou non, insistent pour faire de l’olive la spécialité de Shodoshima (olive ne faisant pas du tout partie de la cuisine japonaise et n’étant pratiquement pas consommée au Japon), mais le fait est que la véritable spécialité de l’île, et ce depuis plus de 400 ans, c’est la sauce de soja (mais pourquoi faire la pub d’une véritable tradition au riche passé et à l’utilité actuelle quand on peut faire la pub d’un produit « gadget » ?).
Donc, je disais, nous sommes allés vers une fabrique de sauce de soja très spéciale du nom de Yamaroku Shoyu qui a la distinction de fabriquer l’une des meilleures sauces de soja de la région, voire du pays. Pour vous donner une idée, ils fournissent pas mal des restaurants étoilés de Tokyo, et ils commencent à se faire remarquer dans tout le pays (je ne compte plus le nombre de fois où je l’ai vue à la télévision) mais aussi dans le reste du monde. Son patron, M. Yamamoto nous informa qu’il avait reçu la visite de la BBC la semaine dernière, que c’était le Monde qui viendrait la semaine prochaine (oui, oui, le journal français) et le Guardian celle d’après. Il ajouta même en blaguant qu’il commençait à devenir si célèbre qu’il n’avait plus le temps de fabriquer de la sauce de soja. Ce n’est bien entendu pas vrai. S’il enchaîne ce genre de choses en ce moment, c’est que l’hiver est une période calme dans le procédé de fermentation du soja et que s’en occuper consiste à ne pas trop le toucher jusqu’à ce que les températures s’adoucissent.
Quant à l’intérêt des Occidentaux pour son travail, il ne date pas d’hier puisqu’il y a deux ans, j’écrivais mon premier article à propos de Yamaroku Shoyu. 😉
Je vous conseille de le (re)lire pour y découvrir l’autre aspect de son travail, un peut-être encore plus important sur le long terme que de faire une excellente sauce de soja :
Vous voyez juste au-dessus, la vieille cuve de 150 ans et des poussières ? Vous savez pourquoi le bois à cette drôle d’allure ? Parce qu’il est recouvert et incrusté d’une couche de plusieurs centimètres de levures et autres micro-organismes qui sont le secret de fabrication de la sauce et de la bonne fermentation du soja. Et quand le hangar a été refait il y a plusieurs années, les poutres, vieilles de plus de 200 ans ont été gardées pour préserver les colonies de micro-organismes les occupant et permettant cette fermentation.
Si vous ne vous y connaissez pas du tout en sauce de soja, sachez que c’est comparable au fromage ou au vin de par chez nous. Et la sauce de chez Yamaroku, c’est l’équivalent d’un grand cru, si vous voulez.
Avant de partir, un petit saut à l’arrière du bâtiment où nous attendaient les kioke (fûts en bois) qui ont été fabriqués il y a environ un mois (si vous ne savez pas de quoi je parle c’est que vous n’avez pas cliqué sur le lien plus haut 😉 ).
M. Yamamoto nous informa que l’un d’entre eux allait partir en Italie, et un autre au Canada. Ça fait chaud au cœur de voir que grâce à son initiative d’apprendre, puis d’enseigner les techniques traditionnelles de fabrication des fûts de bois, non seulement le savoir ne disparaît pas, mais en plus il s’exporte !
C’est une des raisons pour lesquelles j’aime tout particulièrement Yamaroku Shoyu, bien sûr sa sauce de soja est délicieuse, mais en plus d’être très sympa, M. Yamamoto fait un travail très important pour la culture du Japon et la revitalisation de Shodoshima.
Après lui avoir dit à bientôt, M nous emmena vers un petit parc à la sortie du village de Yasuda où nous attendait une surprise : les premières fleurs de cerisier de l’année !
Le secret de cette floraison un mois avant les autres ? Non, pour une fois, rien à voir avec le micro-climat de Shodoshima. Il s’agit tout simplement d’une autre espèce de cerisiers, pas le Prunus serrulata que nous connaissons tous (enfin, je crois que c’est lui, mes connaissances de botaniques sont très limités et mon latin très rouillé).
L’un de nos derniers arrêts de la journée fut le quartier d’Umaki non loin. Un quartier que je vous conseille chaudement de visiter. D’abord, on y trouve de nombreuses fabriques de sauce de soja plus ou moins traditionnelles, mais en plus il s’agit d’un chouette quartier résidentiel pratiquement à la campagne et qui héberge l’une des œuvres d’art les plus amusantes de l’Art de Setouchi : Regent in Olives de Hisakazu Shimizu.
Bientôt, il fut l’heure de rentrer à Takamatsu, et cela signale aussi la fin de notre article.
J’espère que cette petite visite improvisée de Shodoshima vous motivera à faire de même lors de votre visite de l’île. Si elle ne vous est pas familière sachez que ce que je vous montre aujourd’hui n’est qu’une toute petite fraction de ce qu’elle a à offrir.
Pour ma part, j’y retourne dans trois semaines pour finaliser ma formation de guide de la Triennale de Setouchi (les détails très bientôt, certainement après cette future visite), mais je serai occupé, je ne sais pas trop si je pourrai prendre beaucoup de photos intéressantes.
Sinon, la nouvelle de la semaine, c’est que la version 2019 du site officiel de la Triennale de Setouchi est enfin en ligne (en japonais, en anglais, en chinois et en coréen… pour le française désolé, vous allez encore devoir faire avec moi 😉 ).
À très bientôt.
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Hello !
Pour booster les couleurs de tes photos (et supprimer les reflets sur la mer) tu peux utiliser un filtre polarisant.
Encore une dépense. Bienvenue dans le monde des appareils reflex !
En fait, les photos de la mer ne me posent pas problème (enfin, celles que j’ai gardées).
Le temps était à la fois ensoleillé et brumeux, ce qui complique souvent les choses ici pour prendre des photos. Sans parler du fait qu’elles sont aussi en contre-jour.
Les photos dont je ne suis pas très content sont plutôt les dernières, du Regent in Olives (il y en avait des bien pires). Mais là aussi, il y avait un contre-jour en fait.
Un filtre, ouais, je sais, mais pas avant Noël. 😉