J’avoue que j’attendais cette journée avec impatience et aussi un peu d’appréhension, car c’était la journée où j’allais mettre les pieds sur Naoshima pour la première fois. Naoshima, l’île où un beau jour la Benesse Corporation a décidé d’installé un musée d’art contemporain, ce qui la rendit mondialement célèbre dans les milieux de l’art et quelques autres, et qui de fil en aiguille mena au Festival de Setouchi.
Et alors ?
Et alors, elle ressemble assez à ce à quoi je m’attendais. Bien entendu rien à voir avec Ogijima ; nous avons ici une île où de nombreuses personnes passent tout au long de l’année, une île avec une vraie économie, une île assez petite pour avoir un caractère unique, mais assez grande pour que l’on y circule en voiture et qu’il y ait un petit réseau de bus.
La première chose qui m’a marqué, c’est la population des visiteurs de l’île. Comparée à ce que j’ai pu observer jusqu’à présent, c’est-à-dire, les visiteurs d’Ogi et ceux que je vois se balader depuis une semaine à Takamatsu, elle est très différente. Plus nombreuse, bien entendu, mais aussi plus jeune, plus internationale (c’était la première fois que je croisais tant d’étrangers dans un endroit si peu peuplé au Japon) et surtout plus “artistique” : les Japonais avec des looks d’artistes ou d’étudiants en art étaient nombreux, et d’ailleurs j’ose croire que c’était plus qu’un look, sinon je me demande ce que peuvent faire tant de jeunes Japonais en pleine semaine en plein mois d’Octobre à se balader ainsi loin de leur lieu d’étude ou de travail.
L’Île en elle-même ? Plaisante, très plaisante. Un peu surpeuplée pour cause de festival, mais il doit y faire bon vivre et bon voyager le reste du temps. Comme je mentionnais plus haut, il y a une économie sur cette île, des commerces, le genre de choses qui donnent moins l’impression d’être dans un monde à part que sur Ogi. Il y a de vraies plages, chose si rare au Japon, vraiment un lieu idéal pour qui aime les îles, la mer, la culture et le calme (Existe-t-il des gens qui n’aiment pas ces choses-là ? Les pauvres) et bien entendu, l’art y est omniprésent. Officiellement bien entendu, mais nombreuses sont les maisons, nombreux sont les cafés qui y vont eux aussi de leur petite touche artistique. Si plus de lieux au monde pouvaient être ainsi, nous vivrons sur une bien meilleure planète.
Par contre, je dois avouer que dans l’ensemble j’ai plutôt été un peu déçu par les oeuvres d’arts du Festival sur Naoshima. Comme j’expliquai la première fois que j’ai parlé de ce festival, je ne suis pas un très grand fan d’art contemporain, je n’arrive à vraiment l’apprécier uniquement quand il s’échappe des musées ou des galeries, et si ce festival m’a séduit, c’est qu’il a pour but de revitaliser la région, non seulement en y emmenant un paquet de touristes, mais aussi en impliquant la population locale, en s’inspirant de sa culture et de ses traditions.
Je reconnais que la plupart des oeuvres font exactement ça, en particulier celles qui réutilisent des maisons déjà existantes et qui les refondent en quelque chose d’autre, mais je crains que, si elles restent ainsi, ne deviennent que de petits musées, juste des petits musées de plus, “coupés” de la réalité extérieure si vous voyez ce que je veux dire. D’autres, malheureusement, ne s’inscrivent dans aucune logique locale, ces oeuvres pourraient exister exactement à l’identique dans n’importe autre endroit au monde, aux antipodes donc de la majorité des oeuvres que l’on peut trouver sur Ogijima.
Mais trève de bavardages, je sais que ce qui vous intéresse, ce sont les photos :
Un exemple des petites touches artistiques
que l’on retrouve un peu partout sur l’île.
que l’on retrouve un peu partout sur l’île.
Il y a aussi tout un tas de maison traditionnelles, qui font envie.
Haisha / Dreaming Tongue / Bokkonnozoki de Shinro Ohtake.
L’exemple plus ou moins parfait de ce dont je faisais mention plus haut. Certes, l’artiste reprend une vieille bâtisse abandonnée, mais ce qu’il en fait, bien qu’intéressant à l’extérieur ressemble
à tant d’autres galeries d’art contemporain à l’intérieur.
à tant d’autres galeries d’art contemporain à l’intérieur.
Et puis c’est quoi cette manie d’interdire les photographies
dans la plupart de ces maisons/oeuvres sur cette île ?
dans la plupart de ces maisons/oeuvres sur cette île ?
Ce n’est pas avec des descriptions alambiquées
que je vais arriver à bien parler de celles-ci sur mon blog…
que je vais arriver à bien parler de celles-ci sur mon blog…
Apparemment, il y a aussi un concours du plus beau Noren sur Naoshima ; quoiqu’ils sont tous du même style, ils ont du être faits par la même personne. En tous cas, ils sont magnifiques. Au cours des jours et semaines à venir, je vous ferai part des autres sur lesquels je suis tombés.
Mukaijima Project “Make Island From Island” de Tadashi Kawamata
Intéressant si pas transcendant.
Ce n’est pas parce que Naoshima est une île dédiée à l’art qu’elle n’a pas aussi des pêcheurs comme toutes les autres îles de la région.
Go’o Shrine / Appropriate Proportion de Hiroshi Sugimoto
Un temple Shinto réinventé. Intéressant.
L’entrée de la célèbre Benesse House
Même si j’aime beaucoup le bâtiment de Tadao Ando, son contenu me laisse plutôt indifférent (de bonne vieilles oeuvres d’art contemporain comme on en trouve partout dans les musées à Paris, New York, Tokyo, Berlin, et j’en passe).
Blind Blue Landscape de Teresita Fernandez
Quand j’ai vu la photo de l’oeuvre sur le site officiel, je me suis dit que ça avait l’air trop nul. C’est peut-être ce que vous vous dites en ce moment même en regardant ma photo. C’est parce qu’il s’agit de ces oeuvres que l’on ne peut vraiment appréhender que si on se trouve face à elles. Tout l’intérêt de celle-ci résidant dans le mouvement des reflets de ces milliers de petits cubes de verre lorsqu’on passe devant eux.
La célèbre Pumpkin de Yayoi Kusama
Delphine préparant son dessin du jour.
Vous le savez peut-être, si vous jetez une pierre sur un Torii et que celle-ci reste dessus, votre voeu sera exaucé. Beaucoup de tricheurs ici, ce Torii-là culminant à un mètre quatre-vingt de haut environ.
Naoshima Bath “I♥湯” de Shinro Ohtake
(prononcez « I love you »)
Tout à l’heure, je reprochais à M. Ohtake d’avoir transformé l’intérieur d’un bâtiment très intéressant en quelque chose de pas très intéressant, là, c’est tout le contraire, je le félicite chaudement pour cette oeuvre qui est à la fois extrêmement riche et intéressante et aussi fonctionnelle puisqu’il s’agit d’un vrai Onsen !
Et nous concluons cette première approche de Naoshima par l’autre Pumpkin de Yayoi Kusama…
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