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Quelques chiffres à propos de la Triennale de Setouchi 2016

Il y a quelques jours, j’ai eu une réunion avec quelques membres du comité exécutif de la Triennale de Setouchi – ceux qui s’occupent de la partie ‘internationale’ de la chose. Et nous avons un peu débriefé nos expériences de l’année et discuté de quelques grandes lignes à suivre quand il sera temps de lancer les préparations de 2019.

Une plaquette m’a aussi été remise. Plaquette contenant un « débriefing » du festival de l’an dernier avec tout un tas d’informations. En attendant la traduction de celle-ci, je peux toutefois partager avec vous quelques chiffres et conclusions.

Commençons avec le nombre total de visiteurs : 1 040 050 !

C’est un petit peu moins qu’en 2013 (1 070 368), mais ce n’est pas une baisse d’une signifiance notable, surtout que les réponses aux divers questionnaires et sondages sont en fait plus positives qu’il y a trois ans.

Si on divise ce nombre par saisons, nous obtenons :

  • 254 284 visiteurs au printemps
  • 401 004 en été
  • 384 762 à l’automne

Depuis 2010, je me suis toujours demandé comment ces chiffres étaient obtenus. J’ai enfin la réponse. En fait – comme vous l’avez certainement vu si vous avez visité le festival – le nombre de visiteurs de chaque œuvre payante est comptabilisé, et des recoupements sont faits entre certaines « œuvres-clés » sur chacune des îles.

Ainsi, on obtient aussi le nombre de visiteurs par île.

Sans surprise, l’île la plus visitée fut Naoshima.

Voici le classement complet :

  1. Naoshima : 257 586
  2. Shodoshima : 155 546 (Je fus surpris de voir Shodoshima en deuxième position, mais il est vrai que l’île est très touristique en dehors du festival, donc il est très possible qu’un bon nombre de touristes venus pour d’autres raisons, aient aussi profité de l’occasion pour visiter quelques œuvres de la Triennale)
  3. Teshima : 154 713
  4. Takamatsu : 122 555
  5. Inujima : 60 212
  6. Shamijima : 58 766 (en une seule saison seulement ! Mais il faut dire que Shamijima a l’avantage d’être rattachée à Shikoku et donc d’être accessible en voiture)
  7. Ogijima : 54 232 (agréablement surpris qu’Ogijima fut plus populaire que sa « sœur » Megijima)
  8. Megijima : 49 276
  9. Port de Uno : 38 806
  10. Awashima : 23 668
  11. Honjima : 21 802
  12. Takamijima : 21 028
  13. Ibukijima : 16 756
  14. Oshima : 5 104

 

Liminal Air – core – par Shinji Ohmaki dans le port de Takamatsu. Petite anecdote, deux secondes après avoir pris cette photo, je croisais une lectrice du blog, que j’avais croisée tout aussi par hasard en 2013. Bonjour Dominique. 🙂

 

Les chiffres suivants sont tirés des divers questionnaires et enquêtes réalisés pendant le festival. Je ne sais pas s’ils sont totalement représentatifs. J’ai envie de dire que oui si je compare à mes propres expériences, mais je me base surtout sur des impressions (et le fait que ces résultats soient publiés comme étant représentatifs).

67,2% de femmes et 32,8% d’hommes parmi les visiteurs. La différence peut paraître surprenante, mais elle l’est beaucoup moins quand on se rappelle que le nombre de femmes au foyer n’est pas négligeable au Japon, et celles-ci auront plutôt tendance à se rendre à ce genre de festival sans leurs maris. Tout d’abord, le mari en question n’a pas de vacances (ou du moins pas pendant les dates du festival – il est à son boulot de salaryman) et surtout, s’intéresser à l’art est quand même une activité assez féminine au Japon.

En terme d’âge, là aussi, pas de surprise, les visiteurs sont assez jeunes, avec la moitié d’entre eux ayant entre 20 et 39 ans (les jeunes ont plus de temps libre et s’intéressent plus à de telles activités culturelles).

Penchons-nous maintenant un peu sur leur provenance.

30,9% des visiteurs viennent de Kagawa. Cela reste une très grosse partie des visiteurs, mais cette proportion est en baisse depuis 2013 (36% à l’époque).

9,8% de plus viennent d’Okayama, de l’autre côté de la Mer Intérieure de Seto. Et environ 45,9% viennent du reste du Japon.

Et le chiffre qui nous intéresse tout particulièrement ici, c’est bien entendu 13,4% de visiteurs étrangers. Nous avons là une énorme augmentation depuis 2013 où nous n’étions que 2,6% des visiteurs ! Le festival est réellement en train de devenir international.

D’où viennent ces visiteurs étrangers ?

Voyons :

  1. Taïwan : 29,2%
  2. Corée du Sud : 12,5%
  3. France : 9,8% (Oui, grosse surprise, ou pas ? Les Français sont en troisième position. J’ose croire que mes efforts ont porté leurs fruits, mais je doute avoir une grosse responsabilité dans ce chiffre 😉 – il faut plutôt chercher la raison du côté des efforts de communication de la Fondation Benesse qui a réussi à rendre Naoshima presque célèbre en France : je développe un peu plus bas).
  4. Hong Kong : 9,1%
  5. États Unis : 8,4% (Là aussi, le chiffre est un peu surprenant, mais j’ai cru comprendre que Benesse s’est bien implantée dans les milieux artistiques américains, surtout new yorkais – il est vrai que les visiteurs américains que j’ai croisés étaient souvent, parfois au bord de la caricature, le stéréotype de l’amateur d’art new yorkais)
  6. Australie : 4,5%
  7. Royaume-Uni : 3,6%
  8. Chine : 2,3%
  9. Pays-Bas : 1,8%
  10. Allemagne : 1.4%
  11. Les 17,4% restants étant pour le reste du monde.

 

Pour en revenir à la France et à la Fondation Benesse, depuis quelque temps, je me fais effectivement la réflexion que de plus en plus de Français connaissent maintenant le coin, que cette année, presque tous les grands journaux et magazines culturels français semblent avoir fait leur article sur la région, mais à chaque fois, ils se cantonnent à Naoshima et s’ils osent s’aventurer un peu plus loin, c’est seulement jusqu’à Teshima et Inujima. La plupart du temps, c’est à peine s’ils mentionnent l’existence des autres îles.

Je sais bien, cela est en partie dû à cette détestable habitude en matière de tourisme de ne parler et de ne faire connaître que les lieux déjà connus (car ne nous y trompons pas, les journalistes ne font pas ici de travail d’exploration – la plupart vont là où on leur dit d’aller ou bien là où ils connaissent déjà), mais cette année, ce comportement était tellement extrême que je me suis demandé s’il n’y avait pas quelque chose d’autre là-dessous. (depuis quelques semaines, je veux écrire un article là-dessus, mais je ne sais pas si je vais arriver à trouver le temps de le faire)

Et effectivement, lors de la réunion de mardi dernier, j’ai appris que puisque Benesse dépensait déjà pas mal d’argent et d’énergie à promouvoir la région de Setouchi en Europe (surtout en France) et aux États Unis, le comité exécutif de la Triennale s’est lui concentré sur la promotion du festival en Asie de l’Est (d’où l’explosion du nombre de visiteurs en provenance des pays voisins – les lignes d’avion directes jusqu’à Takamatsu aidant aussi).

Le hic, c’est que Benesse se la joue perso, et ne fait que la promotion de « ses » îles (Naoshima, Teshima et Inujima) ne mentionnant nullement les autres et l’existence du Festival que de manière presque anecdotique. Cette année – et comme je disais quelques lignes plus haut – je n’en revenais pas, article lu après article lu, comment tant de journalistes pourtant venus sur place (enfin, j’ose le croire) ne mentionnaient jamais les autres îles, semblant pratiquement ignorer leur existence, ou du moins le fait qu’elle accueillent elles aussi la Triennale de Setouchi.

Ce fut donc un sujet qui fut discuté lors de cette réunion, et les choses changeront peut-être (espérons-le) en 2019 de ce côté là.

Voila, c’est tout pour aujourd’hui. Je vous donnerai plus de détails quand j’en aurai. 🙂

 

 

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