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De la radioactivité à Tokyo et dans le reste du Japon

Fukushima, le nouveau Tchernobyl ?

 

Cet article est une traduction tirée de « Accidentally a Blog » de Christopher Jones. Vous pourrez lire l’article original ici.

Pendant que les medias étrangers, occidentaux en tête, continuent à présenter la crise nucléaire de Fukushima comme un Armageddon pour le Japon, voire pour le monde entier, les medias japonais, de leur côté, vont sur le terrain et prennent des mesures des différents niveaux de radiations dans toute la région du Kantō.
Voici une carte réalisée (par Christopher) à partir de ces données récoltées.

Pour les plus allergiques d’entre vous à l’anglais, la légende de la carte dit ceci :

Niveaux de Radiations dans Différentes Parties du Japon
Vendredi 18 mars 2011 (entre 16h00 et 17h00 heure japonaise, sauf Fukushima 23h00, Miyagi 9h00, Saitama 15h00)
Toutes les mesures sont exprimées en micro-sieverts par heure (μSv/h).

Niveaux de Radiations dans l'Est du Japon, 18 mars 2011

(vous pouvez cliquer sur la carte pour la voir en plus grand si vous le souhaitez)

Ces mesures ont été faites par le Yomiuri Shinbun, l’un des plus importants journaux quotidiens du Japon. [Christopher] a aussi vu des mesures faites par Asahi TV, à part quelques fluctuations, elles étaient du même ordre. En d’autres termes, plusieurs organisations privées et indépendantes font leurs propres mesures, ne pensez pas qu’elles proviennent toutes du gouvernement japonais ou de TEPCO et qu’ils cachent ou minimisent les faits.

De plus, notez que ces mesures sont exprimées en micro-sieverts (μSv).
Le sievert étant la mesure indiquant les effets biologiques d’une radiation.
Pour mémoire, 1000 micro-sieverts = 1 milli-sievert (mSv).
Nous recevons en moyenne 2 milli-sieverts (soit 2000 micro-sieverts) par an juste par l’effet des radiations naturellement émises par la nature (rayonnement solaire, radioactivité terrestre, etc).

Quelques comparaisons chiffrées :

  • L’équipage d’un avion volant entre Tokyo et New York tout au long de l’année recevra environ 9 mSv par an. Soit 23 ans à Tokyo soumis au niveau de radiations d’hier.
  • Si vous fumez un paquet et demi de cigarettes par jour, vous absorberez entre 13 et 60 mSv par an. Il faudrait que Tokyo reste au niveau de radiation d’hier entre 33 et 153 ans pour atteindre ce niveau.

Divers niveaux de radiation annuels (classés par ordre croissant) :

  • Rayons cosmiques : 0.24 mSv
  • Radiation terrestre naturelle : 0.28 mSv
  • Radiations à Tokyo si le niveau d’hier se maintenait pendant un an : 0.39 mSv
  • Radioactivité naturelle du corps humain : 0.4 mSv
  • Radioactivité naturelle dans l’atmosphère : 2mSv

Radiations auxquelles le corps humain est exposé au cours de certains actes médicaux et entre parenthèses la durée qu’il faudrait passer à Tokyo au niveau de radiations d’hier :

  • Une mammographie : 3 mSv (soit 7 ans à Tokyo)
  • Une scanographie du cerveau : 0.8-5 mSv (soit entre 2 à 13 ans à Tokyo)
  • Une scanographie de la poitrine : 6-18 mSv (soit entre 15 et 46 ans à Tokyo)
  • Une radiographie gastro-intestinale : 14 mSv (soit 36 ans à Tokyo)

(sources)

Le but de ces chiffres n’est pas de nier le fait que la situation à la centrale Fukushima Daiichi est sérieuse, ni le fait que le niveau de radiation ait augmenté. Le but est de fournir une échelle et un ordre de grandeur réalistes face à la désinformation des medias qui pousse des gens à acheter des tablettes d’iode jusqu’en Pennsylvanie (NdT : et en Europe aussi).

Ce n’est pas parce qu’une augmentation est mathématiquement significative que c’est synonyme avec une augmentation de la dangerosité.

(…)

N’oubliez pas de consulter les données brutes et quantifiables quand vous entendez de telles informations, cela aide à remettre les choses en contexte.

Hier, l’IAEA a émis son rapport à propos de la situation à Fukushima, ses conclusions :

Les niveaux de radiations à Tokyo et dans les autres villes du Japon restent éloignées des niveaux pour lesquels une action serait nécessaire – en d’autres termes, ils ne sont pas dangereux pour la santé.

Je (David) reprends la main ici. Christopher termine son article en disant qu’il le mettra à jour au fur et à mesure qu’il aura d’autres données. Je ne sais pas si je ferai de même ici ; entre nous, j’aimerais cesser d’avoir à parler de ces radiations et j’aimerai que l’on puisse se concentrer sur ce qui importe vraiment aujourd’hui, les 450,000 personnes sans abri dans le Nord du Japon et qui commencent à manquer de tout et qui après avoir survécu au tremblement de terre et au tsunami meurent de plus en plus de froid, de faim et d’absences de soin médicaux.

Edit 22/03/11 :

– Mise à jour des relevés de radiations au 21 mars 2011 (chiffres toujours exprimés en micro-sieverts par heure (μSv/h))

  • Aomori : 0.022
  • Akita : 0.035
  • Yamagata : 0.100
  • Niigata : 0.046
  • Nagano : 0.057
  • Shizuoka : 0.046
  • Kofu, Yamanashi: 0.058
  • Maebashi, Gunma: 0.085
  • Kanagawa: 0.083
  • Saitama: 0.106
  • Tokyo: 0.125
  • Chiba: 0.082
  • Mito, Ibaraki: 0.340
  • Utsunomiya, Tochigi: 0.133
  • Fukushima: 7.47
  • Sendai, Miyagi: 0.19
  • Morioka, Iwate: 0.034

On note donc une légère augmentation dans plusieurs villes, mais une baisse notable à Fukushima. Ceci peut s’expliquer par une diffusion des radiations déjà émises mais par une baisse de l’émission actuelle.

Pour comparer, le niveau de radiation à Paris ce week-end était d’environ 0.077 μSv/h

Si vous êtes en France et que vous voulez comparer avec votre ville, vous pouvez vérifier les taux ici.

– 27/03/11 : Pour les anglophones :  Viewpoint: We should stop running away from radiation by Wade Allison – University of Oxford.

-18/04/11 : De nouvelles données pour le mois d’avril.


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13 commentaires sur “De la radioactivité à Tokyo et dans le reste du Japon”

  1. Merci beaucoup pour cet article qui met les choses à plat
    Je vais devoir annuler mon voyage au Japon : je vais me prendre plus de radiation dans l’avion europe-Japon qu’à Tokyo !
    Je lirais avec intérêt les prochains articles :
    Quels villages sont encore isolés (eau électricité téléphone) ?
    Ou en est le déblaiement ?
    Quel impact sur la pêche ?

    1. De rien, et merci de laisser un mot.
      Oui, il faut faire attention quand on prend l’avion. On s’expose à des radiations (et je n’ai même pas mentionné les portiques de sécurité.

      Pour les autres questions, j’essaierai d’y répondre si j’ai des informations sur le sujet, bien entendu (car il est clair que les médias auront totalement cessé de parler du Japon dès que les réacteurs de la centrale auront été refroidis).

  2. Voilà un article fort intéressant! Merci de nous le faire partager.

    Je (David) reprends la main ici. Christopher termine son article en disant qu’il le mettra à jour au fur et à mesure qu’il aura d’autres données. Je ne sais pas si je ferai de même ici ; entre nous, j’aimerais cesser d’avoir à parler de ces radiations et j’aimerai que l’on puisse se concentrer sur ce qui importe vraiment aujourd’hui, les 450,000 personnes sans abri dans le Nord du Japon et qui commencent à manquer de tout et qui après avoir survécu au tremblement de terre et au tsunami meurent de plus en plus de froid, de faim et d’absences de soin médicaux.

    Je vous rejoins totalement sur ce point. Le plus important, aujourd’hui, est de reconstruire le plus efficacement et d’aider autant que possible ceux qui ont tout perdu.

    1. D’accord avec toi.
      Je pensais l’avoir mis en lien dans les pages FB des blogs, mais en fait, oubli de ma part, je ne l’avais mis que sur ma page perso.
      Je les partage de suite.

  3. Des nouvelles mesures ont été faites depuis Vendredi? Etant sous un flot d’informations contradictoires, je suis curieux quant à la réelle évolution des radiations.

    1. Je n’ai pas de nouvelles mesures sous la main (ce qui ne veut pas dire qu’il y en a pas), je poste dès que j’en trouve. Mais celles de vendredi étaient déjà en baisse par rapport à celles que j’avais vu de mardi ou mercredi.

      Quant aux informations contradictoires, évidemment si tu écoutes n’importe qui ou n’importe quoi. Perso, en matière de journalisme je me fie à ceux qui sont sur place et enquêtent eux même (pas ceux qui ont fui à Osaka *cough* l’AFP *cough* encore moins ceux qui sont dans leurs rédactions à Paris, LA ou Londres). Et provenant de ceux-là (ceux qui font du vrai travail de journalisme donc) je n’ai pas trouvé d’infos contradictoires, ni de la part des physiciens nucléaires qui se sont exprimés sur le sujet.

    2. Chris a mis son post à jour avec les relevés d’hier:
      Il y a une légère augmentation générale, mais une baisse à Fukushima. Je pense qu’on peut expliquer cela par les radiations déjà émises qui « s’éparpillent ».

  4. Bon la situation a quelques peu changé (en mal malheureusement) mais très bel article.
    Je souhaitais également m’attarder sur un article du même type, et puis je me suis dit que j’allais jamais réussir à organiser un texte claire et simple pour faire rentrer dans la tête des gens que bordel, les radiations de Fukushima (au moment de la redaction de ton article) étaient assez risible.
    J’ai l’impression que si Fukushima crache le morceau avec la fusion d’un des coeurs à l’air libre (impossible quoi), les gens vont croire que nous sommes à la fin du monde sur la planète entière. ça me fait halluciner ça d’ailleurs o_o.
    Enfin, j’espère que le Tohoku se relevera très vite de cette catastrophe !

    1. Je viens de lire ton article. C’est bien, plus on sera à avancer des faits quantifiables mieux cela sera (même si tant que les mass medias ne s’y mettront pas, cela n’aura qu’un impact limité).

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