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Un drôle de repas sur la route de Nara (5e jour – 23 mai 2010)

Le cinquième jour fut le début de mon premier voyage dans le voyage, et il débutait par un rendez-vous en fin d’après-midi à Osaka (ou plus précisément Sakai) avec certains membres de la famille de 康代, à savoir : son oncle, sa tante et sa cousine pour dîner ensemble.

Pas grand-chose à dire sur le trajet Takamatsu – Sakai, sinon à nouveau – comme le premier soir – cet étrange sentiment de familiarité sur ce trajet un an après, à la différence près que cette fois-ci le temps était vraiment pourri.

Rihga Royal Hotel SakaiNous avions rendez-vous dans le lobby du Rihga Royal Hotel à Sakai.

L’oncle et la tante (qui est la sœur aînée de ma belle-mère) de 康代 étaient des gens bien sympathiques, mais je dois avouer que je n’ai pas grand-chose à dire sur eux, notre communication ayant été des plus limitées. Sa cousine (et donc la mienne par alliance en fait) c’est une autre histoire. J’avais déjà entendu parler des « gens d’Osaka » (si ses parents sont de Shikoku, elle est née et a grandi à Osaka) comme étant parmi les gens les plus ouverts et « sympas » du Japon et j’avoue que c’est exactement l’impression qu’elle m’a donnée.

Déjà elle a plus de cinquante ans et je lui en donnai à peine quarante (et la photo du bébé qu’elle nous a montrée n’était pas un enfant qu’elle aurait eu sur le tard – comme j’ai cru au début – mais bel et bien sa petite-fille), mais bon, des gens qui font plus jeunes que leur âge, il y en a partout (moi-même on me donne régulièrement entre cinq et dix ans de moins) mais c’est surtout son comportement et son attitude qui la rajeunissait. Et ce comportement et cette attitude envers moi allaient totalement à l’encontre du comportement habituel des Japonais que je rencontre dans des circonstances similaires (c’est-à-dire plus tout jeunes, pas forcément habitués à ne serait-ce que voir des étrangers et ne parlant aucune langue étrangère) et avec qui je ne peux pas communiquer directement : en général après quelques sourires polis, ils m’ignorent plus ou moins.

Pas elle.

Pendant tout le repas ou presque, elle ne cessait de me poser des questions (康代 traduisait bien sûr), essayait de m’inclure dans les conversations et s’intéressait sincèrement à moi. Bref son comportement était tout ce qu’il y a de plus normal en Occident, mais c’était la première fois que je rencontrais une Japonaise rencontrant un Français plus ou moins pour la première fois et qui n’était pas « impressionnée », qui essayait de communiquer le plus possible, en gros qui me traitait comme une personne normale (et au Japon, quand on est un Gaijin qui ne parle pas la langue, c’est une sensation que l’on éprouve rarement). Le moment le plus parlant fut à la fin du repas, avant de se dire au revoir, 康代 était aux toilettes et sa cousine continua à me parler directement comme si de rien n’était avant de réaliser que merde je ne comprenais pas, ce qui l’attrista grandement.

Rihga Royal Hotel Sakai Restaurant Français
La salle commune du restaurant "français" du Rihga Royal Hotel à Sakai

Mais parlons du repas. Dans cet hôtel – si je me souviens bien – il y avait trois restaurants : un chinois, un italien et un français. 康代 pensait que nous mangerions certainement au chinois et l’idée de manger chinois dans un endroit plutôt classe m’enchantait (parce qu’à Paris… les restos chinois… voilà quoi…), mais j’avais quand même un drôle de pressentiment.

Pressentiment qui se confirma très rapidement : la réservation n’avait pas été faite dans le restaurant chinois, mais bel et bien dans le restaurant français !!!

J’étais assez effaré tout en faisant le mec l’air de rien qui fait ça tous les jours, même pas surpris d’aller manger dans un restaurant français à l’autre bout du monde sans raison.

Qui avait choisi ? L’oncle ? La tante ? La cousine ? Je ne le saurai certainement jamais. Pour quelle raison ? Pour que je me sente moins dépaysé ? Pour qu’eux se sentent vaguement en France au moment de faire ma connaissance ? Un peu des deux probablement.

Mais une fois la déception de ne pas manger dans un restaurant chinois mais classe passée, je me disais que pourquoi pas finalement, après tout cela faisait des années que je voulais manger dans un restaurant français à l’étranger.

Et je n’ai pas été déçu : tout s’est passé exactement comme je l’avais imaginé.

Tout y était : décoration de la pièce (nous étions dans une salle privative) dans les pastels et vaguement baroque faisant penser à une inspiration « Marie-Antoinette » pas très réaliste, mais très japonaise (quoique les vraies décorations des vraies pièces de son époque c’est assez terrible aussi, je vous conseille d’ailleurs la visite du Musée Carnavalet à Paris si ça vous intéresse), un maître d’hôtel (japonais) obséquieux comme on en fait plus, manche à balai dans le cul (excusez mon langage de moins en moins châtié sur ce blog) et tout ce qui va avec, quatre ou cinq fourchettes et couteaux en argent par couvert, comme dans les grands restaurants français prout-prout… Et en fait ouais, si je devais résumer le tout je crois bien que prout-prout serait le terme qui conviendrait le mieux.

Et la nourriture me direz-vous ?

Comment dire ? Oui, ça ressemblait beaucoup à de la nourriture française (inspiration nouvelle cuisine : rien dans l’assiette mais c’est bien disposé dedans). À condition toutefois de n’avoir jamais vu de vraie cuisine française.

Le goût ? Dire que c’était mauvais serait injuste. Ce n’était pas mauvais. Ça se laissait même manger sans trop de problème. Mais aller jusqu’à dire que c’était bon serait quand même une certaine exagération, surtout si on en vient au fameux rapport qualité/prix. J’aurais accepté de payer environ 10 € pour un tel repas. Je n’en connais pas le prix réel, mais quelque chose me dit que c’était plus, beaucoup plus…

Deux plats méritent d’être mentionnés :

-Le foie gras, parce qu’au jour d’aujourd’hui je ne sais toujours pas ce que j’ai mangé sous cette appellation ce soir-là dans un grand hôtel de Sakai : la couleur correspondait vaguement, la texture faisait penser à une espèce de mousse au chocolat, et le goût ? Ben le goût je ne pourrais vous en parler, je n’en ai trouvé aucun. Je crois que jusqu’à ce jour, je n’avais utilisé le terme insipide que de façon métaphorique, plus maintenant. Maintenant si on me demande la définition d’insipide je pourrai répondre : « le foie gras du Restaurant Beau Rivage du Rihga Royal Hotel à Sakai« .

-Le steak. Côté positif : il était vraiment très bon (même si un poil trop cuit : je l’avais demandé saignant, mais comme on était au Japon, il me fut donc servi à point), sauf que la sauce n’avait absolument rien de français une fois de plus (« teriyaki » est le terme qui me venait à l’esprit). Côté négatif : c’était censé être le plat principal, mais il était à peine plus gros qu’une tranche de salami ou un truc du genre.

Oh well…

Rihga Royal Hotel Sakai - Lobby
Le lobby de l'hôtel.

Le soir, nous nous installâmes dans un « Super Hotel » (c’est le nom de la chaîne) à Yamatokōriyama, dans la banlieue de Nara. Rien de bien particulier à dire sur l’hôtel lui-même sinon qu’il était quand même vraiment cool pour un hôtel bon marché, à noter l’Onsen (que je n’ai pas utilisé : si je m’étais préparé psychologiquement à prendre mon bain entouré de vieux hommes nus, j’avais oublié dans l’équation le fait que mon beau-père serait l’un d’entre eux. Or, j’estime que nous n’avons pas encore atteint le degré d’intimité adéquat), les Yukata et les pantoufles fournies par l’hôtel (oui, je sais, en Europe aussi, il y a des pantoufles et des robes de chambre, mais pas dans les hôtels à 60 € la nuit).

À ce moment-là du récit, il était temps de me coucher, deux longues journées nous attendant au réveil. On notera aussi qu’à ce moment du récit, j’étais le plus à l’Est que je n’avais jamais été dans ma vie (oui ce genre de détails m’a toujours amusé).

 

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Et promis, il y aura beaucoup plus de photos dans ma prochaine entrée.

 


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