Après déjeuner, l’heure fut venue de se rendre au studio-photo pour cette fameuse séance-photo mentionnée plus tôt.
La première heure consista pour moi à attendre patiemment que 康代 soit totalement apprêtée : maquillage, perruquage et habillage, puis ce fut mon tour.
Enfiler un simple kimono me semblait être un acte très simple, mais il n’en est rien, car il ne s’agit pas d’un simple kimono, mais d’un kimono traditionnel de mariage, un Montsuki.
Alors certes, cela reste plus simple à mettre que le kimono féminin, mais c’est quand même toute une histoire. Le vêtement est composé de cinq éléments différents qui sont plus ou moins superposés les uns sur les autres et, pour une raison que je n’ai pas exactement saisie, on est tout ficelé de partout en-dessous, si bien qu’il est presque difficile de respirer et il est réellement difficile de se mouvoir – en même temps, ce n’était pas vraiment le but. Ma pensée déplacée à ce moment-là : « ah oui, je comprends d’où le bondage tire ses origines maintenant » (désolé). Bien entendu, il faisait très chaud là-dedans. Et hors de question de se plaindre, car c’était bien pire pour 康代. L’expression « il faut souffrir pour être beau/belle » ne prend vraiment tout son sens qu’au Japon.
Puis vint la séance en elle-même (j’aurais bien aimé vous raconter la préparation plus en détails, mais je ne me souviens pas de tout et j’ai du mal à trouver des explications de la procédure sur le net), et là – élément intéressant – la photographe était aidée de pas moins de quatre assistantes !!!
Je trouvai cela assez bizarre tout de même. Au début, je me disais que ça faisait partie de la logique japonaise que j’appelle « de lutte contre le chômage ». En effet, combien de fois, je croisai ou tombai sur des gens occupant des emplois que l’on pourrait presque juger inutiles, surtout dans un pays aussi avancé technologiquement que le Japon. Je pense, entre autres, aux hommes sur les chantiers au bord des routes qui indiquent aux voitures de passer ou de s’arrêter, chose très surprenante à mes yeux en ce début de 21e siècle, comme si les feux provisoires et automatiques n’avaient pas encore été inventés au Japon. Il y a quelques jours, il fut déjà fait mention des potiches qui tiennent des panneaux dans les émissions de télé, les potiches dans certains magasins dont le seul boulot semble être de vous dire « Irashaïmasse! » (Bienvenue !), j’en passe et des meilleures.
J’ai cru comprendre que la logique derrière tout ça était un souci de meilleur service envers le client ou l’utilisateur, un petit peu d’humanité dans un monde de brutes (?) mais la question que je ne cesse de me poser c’est « comment paient-ils donc tous ces gens à (presque) rien foutre » ?
Mais revenons-en à notre photographe et à ses assistantes. Même si quatre assistantes, ça semble être un peu « too much » quand même, je pense que la raison de leur présence à toutes les quatre était plus prosaïque : il n’y avait pas d’autres clients à ce moment-là et ce n’était pas tous les jours qu’elles « mariaient » un Gaijin…
Comme je l’ai déjà mentionné, une cinquantaine de photos furent prises, nous dûmes en sélectionner seulement cinq (au tarif de 50-80 € chacune), les autres partant plus ou moins à la poubelle. Une logique que j’ai toujours du mal à comprendre et à accepter (surtout parce que jusqu’au dernier moment je pensais que nous pourrions récupérer les autres sous forme digitale).
Bref, le tout fut une expérience intéressante, mais malheureusement difficile à transmettre de manière satisfaisante ici.
Nous passâmes le reste de l’après-midi au temple de Yashimaji, le 84e temple du Pèlerinage de Shikoku…
(à suivre)
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