À peine retournés d’Ogijima, nous nous sommes dirigés vers l’esplanade du Sunport de Takamatsu où nous attendait la prochaine étape de la journée qui tirait doucement à sa fin.
Alors qu’il ne s’était pas passé grand chose à Takamatsu lors de la session de printemps, cet été, c’est probablement ici et plus précisément au Sunport que se déroule l’évènement le plus important de la Triennale, puisque c’est carrément un petit village qui y a poussé et qui va y rester pendant un plus d’un mois (jusqu’au 1er septembre). Dans ce « village » surnommé Bengal Island, on retrouve principalement deux choses.
La principale est une délégation d’une soixantaine de personnes venant du Bangladesh : car cette année, la Setouchi Triennale a décidé de mettre un pays entier à l’honneur, et a donc invité un certain nombre de ses meilleurs artistes et artisans à venir à Takamatsu pour non seulement présenter leurs oeuvres, mais aussi pour travailler et créer sur place, tout au long du mois. Le projet dans son ensemble est nommé Bangladesh Factory.
De manière similaire, une dizaines d’artistes japonais, certains ayant des oeuvres faisant partie de la Triennale, vont rester le mois durant pour créer de nouvelles oeuvres ou bien diriger des ateliers où le tout un chacun peut participer, il s’agit d’Island Art Studio.
Donc en cette fin juillet et durant tout le mois d’août, le Sunport devient un lieu d’effervescence créative assez unique où vous pourrez à la fois découvrir le Bangladesh dans ce qu’il a de plus beau, et voir des oeuvres en train de naître.
Voici la série de photos que j’ai prises samedi en fin d’après-midi. Je compte y retourner le plus souvent possible (chaque week-end donc) pour voir l’évolution des choses.
Pousse-pousses bangladais peints et décorés par Rafiqul Islam et Syed Ahmmed Hossain.
Le Project for Sea-Light in Takamatsu fait son retour cette année.
Debu Achargg va peindre ce bus de Kotoden (la compagnie locale) dans un style bangladais tout au long du mois.
Arun Chondro Das et Horendro Kumar Das tissent des tapis à partir de tiges d’une plante nommée « mutra ».
Kamol Sarker, fabrique des Basi (flûtes de bamboo) et en joue.
Shariful Islam crée des ektara et des dotara qui sont parmi les plus anciens instruments du Bangladesh. L’ektara possède une seule corde, le dotara entre deux et cinq. Les ektara sont en général fait partir de gourdes séchées et d’une tige de bamboo, alors que les dotara sont en bois et peau de vache.
Sibnath Sibu fait des dhol, des tambours à double-face en bois de mangue et en peau de vache. Il s’agit probablement de l’instrument traditionnel le plus commun du Bangladesh.
Et tous trois font des « boeufs » quand l’envie leur en prend :
Tissage de Jamdani, l’un des tissus les plus raffinés du Bangladesh (habituellement fait de soie et/ou de coton). Il est né de la rencontre entre la mousseline arrivée au 14e siècle avec l’Islam et des techniques de tissages locales vieilles de plus de 2000 ans. Il faut être à deux pour utiliser le métier à tisser et les motifs sont produits uniquement de mémoire par les tisseurs.
Les Nokshi Kantha sont des sortes de dessus de lit faits à partir de vieux saris cousus ensemble. Expressions de la créativité féminine, ils sont sources d’un revenu précieux pour les femmes du Bengale. (les couturières sont Runa et Kahinur Begum).
J’ai sympathisé instantanément avec Syed Wasama W. Doja qui s’occupe d’une association destinée à préserver le savoir de la construction des nouka, bateaux de pêches traditionnels du Bangladesh. Les artisans venus avec lui – Abdul Halim et Vojon Chandro Sutradhor – vont construire un nouka sur place au cours du mois. Je vous en reparlerai très certainement.
Gopendronath Chokroborti sculpte sur liège indien. Un art traditionnel très populaire dans le sous-continent.
Oza Metal Studio Takamatsu, une forge en plein Sunport tenue par Atsushi Ozawa qui a aussi une oeuvre dans le port d’Uno.
Takashi Nishibori crée avec son équipe sa nouvelle oeuvre Weaving Weaving devant nos yeux.
Oui bon, là (à droite sur la photo) il se repose un peu – il faut dire qu’il revenait lui aussi d’Ogijima.
Skin Project crée toute sortes d’objets (sandales, sacs à mains, pendentifs) à partir de vieux ballons de football !
Douglas Brooks et Koji Matano vont construire tout au long du mois un soku tenma, un bateau traditionnel japonais aujourd’hui disparu et qui trouve ses origines sur Naoshima. Je vous en reparlai au fur et à mesure de l’évolution des travaux.
山Pottoshop
Sculpture sur métal. Je m’étais toujours demandé comment ces statuettes en métal étaient créées et c’est assez impressionnant en fait : à la scie, la polisseuse, au marteau et au ciseau, etc. (le sculpteur est soit Mohammad Manik Sarker ou Babul Akhter Chowdhary).
Project for Sea-Light in Takamatsu
Atsushi Yamaberi, un ancien d’Onba Factory, dirige un atelier de création de Laugh Balls. Du coup, j’ai pu enfin le rencontrer, trois ans après les faits.
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