L’œuvre d’aujourd’hui, Shima Kitchen (島キッチン) de Ryo Abe est assez singulière puisqu’il ne s’agit pas d’une œuvre d’art dans le sens traditionnel du terme, mais plutôt à la fois d’un bâtiment et d’un restaurant, situé à Karato sur Teshima.
Commençons par le restaurant. Le mot d’ordre est : local. Tout le personnel a été recruté parmi les habitants de l’île, et si je pense que les personnes travaillant sur place n’ont pas vraiment à apprendre quoique ce soit au niveau culinaire (si vous savez déjà mangé de la cuisine traditionnelle japonaise faite maison vous savez de quoi je parle), elles ont toutefois suivi une petite formation sous la direction de plusieurs chefs célèbres de Tokyo qui ont fait le déplacement jusqu’à Teshima pour l’occasion, histoire de rendre leur cuisine meilleure encore.
Quant aux plats servis, ils sont exclusivement préparés avec des produits de l’île, que ce soient des poissons pêchés par les habitants de l’île (certainement ceux-là même avec qui j’avais participé au Matsuri le matin même) ou les légumes et le riz cultivés sur place (j’en profite d’ailleurs pour mettre un petit coup dans les tibias du cliché qui veut que les fruits et légumes soient rares et hors de prix au Japon : ils le sont seulement à Tokyo – et encore, même là-bas, il suffit d’aller dans les bons coins, j’ai passé trois jours à Tokyo dans ma vie, je ne connais presque rien de cette ville, et pourtant j’ai réussi à trouver des fruits et des légumes à des prix abordables…), d’ailleurs n’oublions pas que Teshima signifie « Île d’abondance », un nom amplement mérité quand on voit les champs un peu partout.
Bien entendu, et malgré les Onigiri mangés quelques heures plus tôt, il était hors de question de ne pas y déjeuner. Quelques jours avant de partir pour le Japon, j’avais vu sur NHK World, une émission parlant du Setouchi International Art Festival dans les grandes lignes, et il y avait un segment assez conséquent sur Shima Kitchen. Le présentateur y dégustait un poisson et des Tenpura de légumes qui semblaient plus que succulents. Je me faisais donc une joie d’y manger. « Malheureusement », parce que nous y sommes arrivés assez tard (15h) il n’y avait plus de poisson, et nous avons dû nous rabattre sur l’autre plat du jour, un curry japonais. Je dois avouer que je ne suis pas trop fan de curry japonais, et pourtant celui-ci fut délicieux, à des kilomètres de ces currys presque chimiques que l’on peut parfois trouver dans certaines chaînes de restaurants (oui même au Japon, la junk food existe, elle prend juste des formes différentes).
Bref, si vous allez faire un tour à Teshima un jour (et il serait impensable de ne pas le faire si vous passez dans la région), je ne peux que vous conseiller d’y aller vous restaurer. Sauf grosse erreur de ma part, Shima Kitchen restera ouvert de manière permanente, avec l’afflux de visiteurs sur l’île pour aller voir le Teshima Museum et les Archives du Cœur, on peut penser qu’il sera viable économiquement (surtout qu’il est un des seuls restaurants de cette partie de l’île si je ne m’abuse). Un très bel exemple de redynamisation de l’île à mon avis.
De plus, tout au long du Festival, divers concerts et autres évènements culturels y étaient régulièrement organisés, ce qui fit de ce lieu un des lieux les plus vivants et conviviaux du Festival. Espérons que cela aussi continue.
Le bâtiment maintenant. J’avoue que j’ai du mal à en parler en détail, mes connaissances en architecture étant trop pauvres pour cela, mais ce que je peux dire c’est que Ryo Abe a réussi l’exploit, de transformer une maison traditionnelle en un bâtiment à la fois contemporain et ancien, et surtout unique, en particulier grâce à cette terrasse/canopée absolument magnifique. Il a même gagné un prix d’architecture (Emerging Architecture Awards 2010) l’automne dernier grâce à ce bâtiment !
Et à ma grande honte, je n’ai pas vraiment pris de photo d’ensemble du bâtiment, donc je ne peux que vous conseiller d’aller faire un tour sur Google, d’ailleurs je l’ai fait pour vous.
En conclusion, Shima Kitchen était l’un de ces lieux qui firent de ce festival un moment unique et un peu magique dans la région. Une magie qui se prolonge certainement encore, donc une fois de plus, si vous passez dans la région, soyez sûrs de l’ajouter sur votre itinéraire.
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