C’était notre dernière journée complète à Takamatsu et… nous ne l’avons pas passée à Takamatsu, puisque nous sommes allés sur l’île de Shōdoshima (小豆島). Il y a pas mal de trucs intéressants sur Shōdoshima, mais comme il s’agit d’une île bien plus grande que Megijima ou Ogijima, la visiter à pied ou à vélo n’est pas vraiment possible (en une journée s’entend) et comme 康代 ne pouvait emprunter la voiture familiale ce jour-là, nous avons dû nous résoudre à acheter des billets pour un tour guidé de l’île en bus. Pas vraiment mon truc, mais bon, on avait pas trop le choix ; quoiqu’à la réflexion et vu la densité de la circulation sur l’île (on a dû croiser une vingtaine de voitures en une demi-journée), je pense que j’aurais pu y conduire sans trop de problème malgré la circulation à gauche et ce genre de choses, donc une location de voiture n’est peut-être pas à exclure pour une visite ultérieure.
Au final, je ne regrette pas d’être allé dans les lieux où nous sommes allés, mais je regrette grandement les lieux non-visités, qu’il s’agisse des fabriques de Shōyu (si j’ai bien tout compris, l’île est un des plus grands producteurs du Japon), des divers temples (je ne me lasse pas des temples japonais) et autres (des moulins grecs!!!)
Un autre facteur qui plaide en défaveur du tour en bus c’est le guide (ou en l’occurence, la guide). Au début, je ne m’en formalisais pas trop, elle donnerait quelques indications intéressantes que 康代 traduirait et le reste du temps je pourrai l’ignorer, le fait de ne pas comprendre la langue aidant grandement à la chose. Sauf que l’ignorer s’averra tout simplement impossible !
Apparemment le boulot de guide dans un bus au Japon consiste à parler en permanence et non-stop durant tout le trajet. Je me demande même comment elle faisait, sans s’arrêter pour souffler ou pour boire. Et surtout, qu’y avait-il de si intéressant pour qu’elle ait tant de choses à dire ? Des descriptions – entre autres – de tous les lieux non-visités, j’ai cru comprendre.
Et comme elle avait un micro, elle emplissait tout le volume sonore du bus, si bien que toute conversation était presque impossible sans faire soi-même beaucoup de bruit et déranger tout le monde, ce qui n’était bien évidemment pas une option…
Donc le trajet fut assez proche de la torture par moments et peut se résumer à un long : ヴィ日ヴィ部 olive おりぃ塩具え王ふぉう絵り olive ぇにりぃヴぇりぃとイオ olive るうちぃりぃ利ぴゃぇくぁふ olive ぉヌぅう棒とつとぢぃ (oui, je sais, cela ne veut rien dire, ça tombe bien c’est ce que tout cela signifiait pour moi). Quoique le mot « olive » fut surtout cantonné à la première partie du trajet.
Apparemment, Shōdoshima serait le seul lieu où on aurait réussi à implanter des olives au Japon, et effectivement, il y avait des oliviers partout, des oliviers originellement originaires de Grèce (d’où les moulins mentionnés précédemment).
Notre premier arrêt fut un petit village qui n’en était pas un puisqu’il s’agissait du décor du film Les 24 Prunelles (二十四の瞳 Nijū-shi no Hitomi), film apparemment très célèbre au Japon, et que j’ai eu l’occasion de visionner récemment, je vous le conseille (et peut-être fera-t-il l’objet d’un futur billet ici même). Comme vous l’aurez compris le décor fut construit en dur, il existe encore de nos jours, et il est devenu une destination touristique assez prisée sur l’île. Malgré le fait que je ne connaissais pas le film, la visite du lieu n’était toutefois pas ennuyeuse du tout, car le village ainsi construit – en plus d’être magnifique – était fascinant, me donnant une idée de ce à quoi pouvait ressembler un petit village japonais au début de l’Ère Shōwa.
Dans le « village » il y avait un très petit canal d’eau salée (pas plus de deux mètres de large) dans lequel on trouvait de nombreux poissons locaux dont ce poisson très étrange :
J’ai cru comprendre qu’il s’agissait d’une sorte de dorade, par contre, je suis à peu près sûr que ce comportement n’était pas naturel ; plutôt issu d’une habitude acquise à force d’être nourris par les touristes. Les poissons sortant ainsi la tête de l’eau uniquement quand une personne était proche du bord, un peu comme des Koïs ou bien les poissons de mon aquarium à la différence non négligeable qu’ils ne sortent pas leur tête hors de l’eau.
Notre arrêt suivant fut l’occasion pour moi de vivre ma pire expérience de ce premier voyage au Japon (ainsi que des suivants ?), même si cela n’a rien à voir avec le fait que nous nous trouvions au Japon. Je vous ai peut-être déjà dit dans un article précédent que j’avais le vertige et en conséquence, une terrible phobie des téléphériques (enfin, je veux dire d’être suspendu au dessus du vide dans un téléphérique, je peux me trouver face à un sans problème sinon). J’ai la chance de ne pas en croiser tous les jours, mais quand je dois monter dans l’une de ces machines, je suis presque toujours envahi de la sensation que le câble va forcément lâcher et que je vais forcément m’écraser, là tout en bas. Inutile d’essayer de me raisonner, j’ai parfaitement conscience du peu de probabilités pour que cela arrive effectivement, mais comme toutes les phobies, la raison n’a que peu de place dans l’équation. Et bien évidemment, mon vertige, très maîtrisable dans la plupart des situations, devient plus ou moins incontrôlable quand je suis à bord d’un téléphérique.
Et vous l’aurez compris, l’arrêt suivant impliquait un tel véhicule, le « Kankakei Ropeway« . 康代 m’avait averti, et je me préparais psychologiquement à affronter une telle épreuve, elle m’avait annoncé que la vue en valait vraiment la peine. Ce que je n’avais pas bien compris c’est que nous n’allions pas par téléphérique en un lieu où la vue serait exceptionnelle. En fait, ce téléphérique ne va nulle part en particulier (ou peut-être que si, je ne sais pas) mais c’est la vue des gorges Kankakei depuis le téléphérique qui est exceptionnelle !!!
Je ne l’ai compris que trop tard puisque nous étions déjà monté dans la cabine et que celle-ci avait déjà commencé sa chute dans les gorges (certains diront sa « descente ») et je dois avouer que la vue, je n’en ai pas vraiment profité, passant une bonne partie du trajet regardant le sol, et l’autre les yeux fermés… Non, je ne suis pas fier de moi, mais bon, il faut pas non plus me demander de faire de telles choses bien au-delà du raisonnable…
Il paraît donc que les gorges Kankakei sont magnifiques, personnellement, j’en sais rien.
Je dois avouer qu’à ce moment de la journée, entre la guide qui me tapait sur les nerfs avec son monologue incessant (elle s’était même mise à réciter de mémoire l’extrait d’un roman (ou du film ?) et à chanter !) et cette petit crise phobique malvenue, je n’étais plus de la meilleure des humeurs. Il me tardait même de quitter cette île de malheur. Bien peu de choses pouvaient alors me mettre dans un état d’esprit un peu plus positif.
Sauf peut-être des singes…
Et des singes, il y eut !!!
Comme vous le savez, le Japon est l’un des seuls (le seul ?) pays tempérés ayant des singes sauvages et cette île en possédait effectivement un certain nombre.
Nous en croisâmes d’abord quelques uns sur le bord de la route, juste après avoir quitté les Gorges Kankakei, mais surtout nous nous sommes ensuite rendus à une espèce de sanctuaire pour ces singes, où ils se regroupent par centaines, car apparemment l’on s’occupe d’eux à cet endroit.
Il y en avait effectivement partout. C’était assez surréaliste de se promener ainsi parmi eux, ces derniers vivant leur vie sans vraiment prêter attention à nous, nous regardant vaguement parfois mais c’est tout. Je dois avouer qu’ils ont vraiment contribué à éviter de faire de ce petit voyage un fiasco total, ce qui aurait été bien dommage pour mon dernier jour complet dans la Préfecture de Kagawa.
Depuis ce sanctuaire, je découvrais aussi sans le savoir la vallée de Hitoyama, que je ne découvrirai réellement qu’un an et demi plus tard.
Après ce petit moment passé au milieu des singes, il fut temps de retourner au port de Tonoshō où le ferry pour Takamatsu nous attendait.
Sur la route, je fis mes adieux à Ogijima et Megijima, et la dernière soirée à Takamatsu fut essentiellement passée à faire les valises…
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Ahh le vertige !!!
La vidéo des singes c'est vraiment excellent, on dirait des enfants dans une colonie de vacances 🙂
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Je prépare mon prochain voyage au Japon, consacré aux îles de la mer intérieure (Manabeshima, Okhunoshima, Shodoshima, Inujima) et cet article ne donne guère envie de prendre un tour guidé.
Passant deux nuits à Tonosho, je me demande s’il est possible d’y louer une voiture, voire une moto ou un scooter (j’ai le permis A et B, ainsi que la traduction).
Sinon, en vélo, l’île est vraiment trop grande ?
Merci.
Merci pour l’intérêt que vous trouvez à mon blog.
C’est pour quand votre voyage ? Surtout ne ratez pas Ogijima et Teshima (surtout si vous passez deux nuits à Tonosho, Teshima est très facilement accessible depuis Tonosho – en fait, administrativement, elle fait partie de Tonosho).
Je ne me suis jamais renseigné, mais je pense qu’il est possible de louer une voiture (ou alors vous pouvez la louer depuis Takamatsu, mais ensuite il faudra payer le ferry avec).
En vélo, l’île n’est pas trop grande, mais elle n’est pas plate, mais alors pas du tout (elle possède de vraies – petites – montagnes), quoique la côte sud doit être faisable en vélo.
Sachez aussi qu’il existe quelques lignes de bus, mais visiter l’île en bus ne sera pas forcément bon marché (quoique, ce sera peut-être moins cher que de louer une voiture, à voir)
Le prix n’est pas vraiment un critère, c’est plus la praticité, et le vélo ne donne apparemment pas l’impression d’être pratique. Je vais essayer de trouver des loueurs de voiture à Tonosho, sinon je viendrai d’Okayama avec une voiture de location.
Départ dans 15 jours 😉
Bon voyage.
Attention à la chaleur.