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Octobre est certainement mon mois préféré au Japon. D’une parce que le temps y est le plus agréable de l’année (ni trop chaud, ni trop froid, et en général un soleil splendide – je dis bien en général, parce que cette semaine, nous débutons le mois avec une semaine de pluie presque non-stop, une rareté par ici), et d’autre part parce que c’est le mois des matsuri.

Teshima est une de mes îles préférées au Japon. Ceci pour tout un tas de raisons : ses habitants (parmi les plus sympa que je connaisse), son art qui n’est plus à présenter, mais aussi parce que c’est une île dont la simple visite vaut le détour, même si vous ne rencontrez personne, même si vous ne voyez aucune œuvre d’art.

Oui cet article sert surtout à ne pas décourager les gens qui avaient prévus de visiter Teshima, mais ont peur d’y aller un jour de fermeture (en général le mardi), ou qui n’ont pas le budget pour visiter toutes les oeuvres de la région (dans ce cas, je vous conseille d’en sauter quelques unes sur Naoshima et de visiter celles de Teshima).

Je tiens donc à vous rassurer, même sans visiter la moindre œuvre d’art, vous passerez une très bonne journée sur Teshima.

Voici quelques photos prises il y a quelques années (2014 pour la plupart, avec quelques ajouts d’autres dates), un jour où je m’étais rendu sur l’île pour son matsuri qui tombait cette année-là un mardi (et donc tout ou presque était fermé).

Je vous avertis, elles sont un peu dans le désordre.

 

Nous commençons avec une brouette ! Cette brouette me fascine, située à l’entrée du village de Karato-oka, j’ai l’impression qu’elle est là depuis des années (au point que je suis sûr de l’avoir déjà prise en photo), pourtant elle n’a pas l’air abandonnée. Peut-être est-ce tout simplement sa place.

 

Et si on lève les yeux quand on est à côté de cette brouette, on voit ça :

 

 

Le ferry qui relie les deux ports de l’île,
à la fois au port de Uno (sur Honshu) et à Shodoshima (au port de Tonosho).

 

 

 

 

Dans les rues d’Ieura (et puis son port aussi) :

 

 

Ça, par contre, c’est Karato-hama :

 

 

Karato-hama, vu depuis Karato-oka :

 

 

Les deux villages sont censés n’en former qu’un, mais ils sont en fait séparés de près de deux kilomètres l’un de l’autre, ainsi que d’un sacré dénivelé. Au cas où, oka ça veut dire colline et hama ça veut dire plage. J’imagine que le village « historique » est celui sur la colline, mais que le port étant situé deux kilomètres en contrebas, de plus en plus de monde s’est installé aux abords du port à une certaine époque (probablement assez lointaine).

 

Cette fourchette, ce plat et cette cuillère forment un 101 qui est le nom du restaurant dont il marque l’entrée (plus précisément Shokudo 101). Je n’y suis allé qu’une fois, et j’ai vraiment apprécié malgré le fait que ce soit un restaurant végétarien.

 

Ah oui, octobre c’est aussi le mois des araignées dans la région de Seto. Loin de moi l’idée de vous effrayer, juste vous avertir au cas où vous auriez peur d’elles pour que vous puissiez vous préparer mentalement. N’ayez crainte, elles se fichent éperdument de vous, elles ne s’intéressent qu’aux insectes qu’elles attendent patiemment dans leurs toiles à longueur de journée.

 

Shima Kitchen vaut le détour même les jours de fermeture : la nourriture n’est que la moitié de son attrait, l’autre c’est le bâtiment lui-même.

 

Je ne connais toujours pas le nom de cet artiste, mais on retrouve ses sculptures un peu partout dans Takamatsu voire un peu plus loin (Teshima ne fait pas partie de Takamatsu). Je sais juste qu’elles sont en pierre d’Aji et que ces marques rouges, bleues et jaunes sont un peu sa signature.

 

Les toits bleus ne pas très communs dans les campagnes japonaises, mais ils ne sont pas rares non plus. En plus à Karato, on peut les approcher de très près.

 

 

 

La source de Karato-oka (à l’entrée du village en venant de Ieura) est un lieu unique. Teshima se traduit par île d’abondance. Une des raisons pour laquelle elle a été baptisée ainsi, c’est cette source (et d’autres) dont elle dispose. C’est une rareté dans les îles de la région. Celle-ci permet à l’île de ne jamais manquer d’eau, et donc de nombreuses plantes y poussent facilement, y compris le riz. Le lieu est vraiment une incarnation d’un certain Japon rural parfois un peu idéalisé.

Les différents bassins de la source servent à différents usages, essentiellement boire et laver. Sachez que l’eau est potable – à partir du bassin le plus en amont bien évidemment – et même quand l’eau courante fut installée dans le village, certains habitants continuèrent à se ravitailler à cette source, l’eau y étant plus pure selon leurs dires. Et pour l’avoir goûtée, je veux bien le croire.

Lors de votre visite de Teshima, puis-je vous conseiller de vous ravitailler en boisson à cette source, plutôt qu’aux distributeurs automatiques situés non loin?

 

 

Et juste à côté de la source de Karato se trouve une oeuvre d’art, présente depuis la toute première Triennale de Setouchi en 2010. Il s’agit de Particles in the Air, de Noe Aoki. Elle n’a pas l’air de grand-chose, mais s’intègre parfaitement dans ce lieu unique. J’aime imaginer qu’il s’agit d’un terrain d’entraînement au vol pour les fées et les insectes résidant autour de la source.

 

Ça, c’est la plage à l’est de Karato-hama, juste à côté des Archives du Cœur de Christian Boltansky. Petite, mais très mignonne.

 

 

Comme je le mentionnais quelques lignes plus haut, Teshima est une des seules îles de la région où il est possible de faire pousser du riz grâce à la source de Karato. Et effectivement, en aval de cette source, se trouvent toute une série de rizières en terrasse qui existent depuis dieu sait quand. Toutefois, l’île se dépeuplant de plus en plus, elle tombèrent à l’abandon dans la deuxième moitié du vingtième siècle

Mais en 2009, quand la Benesse Foundation décida de construire le Teshima Art Museum à proximité, le projet de revitalisation de l’île impliqua – entre autres choses – de faire revivre toute cette partie de l’île. Benesse racheta les rizières et depuis du riz y est planté tous les ans dans le but de rendre au paysage sa beauté originelle. Ce riz est récolté, en général le dernier week-end d’octobre, par les bénévoles de Koebi-tai et quiconque veut se joindre à eux. Je crois comprendre que la récolte sert surtout à nourrir les clients de Shima Kitchen.

C’est donc en octobre, quand le riz mûrit et est prêt à être récolté que le voisinage du Teshima Art Museum est le plus beau à mon avis.

 

 

 

Teshima était aussi connue dans le temps pour ses vaches qui fournissaient lait et viande pour la région. Il en reste encore quelques unes, mais aujourd’hui la plupart sont sur l’île voisine, Odeshima, où il y a plus de vaches que d’habitants (200 bêtes pour 20 humains environ), d’ailleurs le seul ferry desservant cette île est conçu pour transporter les vaches, plus que les véhicules ou les passagers.

 

 

Teshima Yokoo House à Ieura.

 

J’espère que ce petit article vous aura motivé à inclure Teshima dans votre itinéraire si vous visitez le Japon. Et qui sait, je vous y retrouverai peut-être le 21 octobre prochain au matsuri de Karato.

 

 

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