Vous savez quoi ? Il me restait encore un article à écrire à propos de la session de printemps de la Triennale de Setouchi 2016 ! (oui bon, si je vous dis qu’il m’en reste encore de la triennale 2013, ça relativise un peu les choses – mais je vous avertis, je ne suis pas sûr de les écrire un jour ceux-là… Quoique… Ceux concernant les œuvres permanentes, pourquoi pas ?)
Donc aujourd’hui, je vais continuer de vous parler de ma visite de Megijima en avril dernier. J’avais déjà commencé avec la grotte il y a peu, voici la suite, après être descendus de la grotte.
Ah oui, attendez-vous à pas mal d’articles sur Megijima dans les jours et semaines à venir. Depuis que je connais la région, elle a toujours été l’île qui m’intéressait le moins (trop morte 10 mois par an, trop pleine de plagistes pendant l’été), mais cette année, les choses semblent changer… enfin ! Les nouvelles œuvres sont vraiment intéressantes, et j’ai l’impression que l’île commence à se réveiller un peu… On verra.
En attendant, entrons dans le vif du sujet et ma présentation des œuvres de la Triennale de Setouchi 2016 sur Megijima.
Je ne me lasse jamais de cette statue. Notez qu’elle n’a rien à voir avec le festival. Si vous vous demandez, vous trouverez le pourquoi du comment d’une telle statue dans un tel endroit dans cet article)
Je ne me lasse non plus jamais de ces petits Oni qui indiquent le chemin de la grotte. Notez qu’ils sont l’œuvre de Yoshifumi Oshima (dont il fut question dans l’article précédent), mais eux aussi datent de bien avant la Triennale.
Comme toutes les autres îles de la région, Megicho est rempli de maisons abandonnées. En voyant la troisième (je ne suis pas rentré, la fenêtre était ouverte et donnait sur la rue), j’ai eu une petite pensée pour Jordy Meow qui était sur l’île quelques jours plus tôt.
L’œuvre qui nous attend ensuite, à deux pas de la plage et du sanctuaire d’Hachiman, dans la petite pineraie de Megijima est Feel Feel Bonsai. Une œuvre à la fois très locale et célèbre dans le monde entier, puisqu’il y est question de Bonsaïs. Locale, parce que la Préfecture de Kagawa est un des plus gros producteurs de bonsaïs du Japon (80% des bonsaïs de pins produits au Japon proviennent de Kagawa), et célèbre dans le monde entier parce que qui n’a jamais entendu parler de bonsaïs en 2016 ?
Il s’agit d’une collaboration entre Masashi Hirao, « maître bonsaï » et Setöuchi Cōgeiz, studio de design local (le tréma et le macron sur les « o » ne sont qu’une coquetterie – en japonais aussi, ils jouent sur la façon d’écrire leur nom – je ne les reproduis que cette fois-ci).
Ce n’est « qu’une » maison avec « que » des bonsaïs à l’intérieur, mais quelles maison et quels bonsaïs :
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Je ne sais pas si l’installation est permanente – j’ose le croire, même si j’imagine qu’il n’y aura pas tout le temps des expositions – mais sachez que les bonsaïs exposés changent à toutes les saisons. J’y suis retourné hier, et je vous montrerai les bonsaïs actuels d’ici peu. Je compte bien entendu y retourner à l’automne. De plus, certains évènements sont organisés par Feel Feel Bonsai pendant la Triennale et… la présence des Seppuku Pistols sur Megijima la semaine dernière pourrait avoir un lien avec tout cela… Mmmm…. Là aussi, soyez patients, tout va s’éclaircir très bientôt.
Étrangement, je n’entends pas beaucoup parler de Feel Feel Bonsai dans les blogs sur lesquels je tombe et qui traitent de la Triennale. Pourtant, sachez que le lieu est devenu un des lieux favoris des locaux selon ce que j’entends autour de moi.
Ensuite, direction mon autre coup de cœur du moment : Island Theater Megi de Yoichiro Yoda.
Je ne vais pas tout de suite entrer dans les détails, car sachez que j’ai passé la matinée avec Yoichiro hier, et qu’un article entièrement dédié au lieu arrivera très bientôt.
Mais en attendant voici quelques lignes vous expliquant de quoi il s’agit : il s’agit tout simplement d’une vraie salle de cinéma construite dans l’esprit des vieux cinémas de l’âge d’or de Times Square à New York et plus précisément de la 42e rue !
Oui, un « vrai » cinéma new-yorkais sur Megijima !
Voyez plutôt :
À noter que ma fille a eu sa toute première expérience cinématographique dans ce cinéma, et ça, ça me fait chaud au cœur… Oui, je fais partie de ces gens qui pensent qu’autrefois, les cinémas avaient vraiment une âme. Je me rappelle encore des vieux cinémas de ma petite ville natale. Les multiplexes d’aujourd’hui sont tous interchangeables et sont devenus des lieux où l’on consomme des films, et non plus où l’on « va au cinéma. »
Et donc son tout premier film sur grand écran fut :
On peut aussi y voir Le Vagabond de Charlie Chaplin, ainsi que Last Days of 42nd Street (Les Derniers Jours de la 42e Rue), un documentaire de Yoichiro Yoda sur ces vieux cinémas aujourd’hui disparus (ou pire, transformés en restaurants de chaînes de fast food).
Il y a eu – et aura encore – des projections spéciales, en particulier de Qu’elle était verte ma vallée de John Ford. Dans le futur – car bien sûr il est permanent – il est question de diffuser plus de films pour les habitants de Megijima.
Plus de détails très bientôt donc…
Ensuite, ce fut direction la Maison des Ogres (Ogre’s House) de Chaos Lounge. L’œuvre est en trois parties (quatre, si on compte la vidéo), la première partie, c’était dans la grotte. La deuxième partie c’était cette maison-là :
Je ne saurais vous expliquer tous les détails du pourquoi et du comment des tous les éléments de la maison.
Chaos Lounge est réputé pour parfois être très provocateur, et même dans un cadre aussi consensuel que la Triennale de Setouchi, ça ressort assez rapidement :
Il s’agit ici d’inviter des terroristes de Daesh à venir séjourner dans cette maison (car ils sont les Oni du 21s siècle ?), pour que la beauté et la sérénité de la Mer Intérieure de Seto et de ses îles leur fassent reconsidérer leurs choix de vie bien peu judicieux et qu’ils abandonnent la violence et changent totalement de style de vie.
Pas sûr que cette légèreté envers le sujet soit du goût de tout le monde, surtout en France, mais vu d’ici, tout cela reste encore et toujours un peu abstrait. Et finalement, cette interrogation assez naïve en apparence de « mais qu’est-ce qui les rend si méchants » ne serait-elle pas la clé du problème ?
Je n’ai pas trop saisi de quoi il en retournait dans cette partie-là de la maison. Peut-être l’installation était encore en cours de mise en place ? Pas sûr.
Puis, nous, nous sommes rendus à la deuxième maison de Oni, près du port de pêche. Nous n’y sommes pas restés très longtemps car le vent devenait vraiment trop fort. Il me tarde de la revisiter.
Le style y est un peu plus abstrait, mais j’imagine bien un « Oni contemporain » vivre dans un tel lieu.
Nous avons ensuite sauté dans Meon et retournâmes à Takamatsu, le vent devenait vraiment trop pénible, surtout pour les enfants, je suspecte quelques bœufs locaux de s’être retrouvés sans cornes.
Voila, c’est probablement mon dernier « gros post » sur la Triennale de Setouchi 2016. Gros post dans le sens où j’y fais un résumé de ma journée à coup de plusieurs dizaines de photos pour l’illustrer. Mais attendez-vous à encore toute une série d’articles de taille plus restreinte traitant d’un sujet ou deux (ou trois) lié(s) au festival.
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Bon j’avoue ne pas être un fan de bonsaïs car après tout il s’agit d’arbres que l’on torture. Mais je reconnais qu’il y a des réussites esthétiques indéniables. J’ai un faible tout particulier pour ces grands pots (ou plutôt ces plats) qui contiennent plusieurs érables constituant ainsi une forêt miniature.
Par contre si j’étais un oni je suis pas sûr que j’aimerai habiter là…
Non, les bonsaïs ne sont pas des arbres torturés. Ou alors, ils ne le sont ni plus ni moins que n’importe quel autre arbre domestique.
Encore un vieux cliché qui a la vie dure.
🙂
Toujours à propos de Chaos Lounge, j’ai préféré la maison que la grotte donc.
J’aime bien le mur à gauche dans la maison, celui avec les yeux (on a fait la même photo) qui n’est pas sans me rappeler Murakami.
Oui, la maison près du port est ma préférée, mais il faut que j’y retourne, on l’a vue en deux minutes tellement il y avait de vent, du sable qui vole partout et j’en passe.
Je ne connais pas trop trop Murakami (Takashi ?), mais moi il m’a fait pensé à Bill Sienkiewicz dans les années 80 (surtout sa période New Mutants).