Aujourd’hui petit article sous forme d’édito.
On me demande de temps en temps pourquoi je ne parle pas plus de ma vie quotidienne au Japon.
Bon, déjà, je trouve que j’en parle pas mal, les choses comme la Setouchi Triennale, sont un aspect de ma vie quotidienne. Mais je comprends, ce n’est pas ce que vous sous-entendez par « vie quotidienne », c’est plutôt les petits détails de la vie japonaise. Le fait est que j’ai un certain problème avec ce genre de sujet.
Vous parler de ma vie quotidienne ?
Je sais que ça plait beaucoup de nos jours les petits détails de la vie quotidienne. Il y a même des blogs, voire des auteurs qui en ont fait leur fond de commerce et parfois avec un certain succès. Qui sait, si je m’y mettais, ça aiderait un peu les chiffres du trafic de ce blog ? Mais honnêtement, ça m’emmerde ce genre de blogs. D’abord, ça m’emmerde à lire, je trouve cela inintéressant au possible dans 99% des cas. Que voulez-vous, j’ai toujours été un adepte de cette phrase d’Hemingway (j’ai oublié la citation exacte – et puis elle serait en anglais de toutes façons – mais si je ne m’abuse c’est tiré de Paris est une Fête) :
La condition première pour écrire, ce n’est pas d’avoir du talent, c’est d’avoir quelque chose d’intéressant à dire.
Et bien souvent, je trouve que trop de gens qui écrivent (ou dessinent) de nos jours n’ont rien à dire, surtout quand ils parlent de leur vie quotidienne, même s’ils sont parfois bourrés de talent (talent que je trouve du coup complètement gâché). Et donc si ça m’emmerde à lire, ça m’emmerderait encore plus à écrire (pour tout vous avouer, cet article a débuté en tentative de le faire, puis j’ai arrêté tellement j’y arrivais pas). Quant au trafic de mon blog, même si je le trouve trop bas (mais qui ne trouve pas le trafic de son blog trop bas ?) à la réflexion, je préfère avoir un petit nombre de lecteurs qui s’intéressent vraiment aux sujets du blog que d’en avoir des centaines qui n’arrivent ici que parce qu’ils sont « fans du Japon » (un jour, vous m’expliquerez aussi comment on peut être « fan » d’un pays) et qui laissent des dizaines de commentaires insipides à longueur de journée. Mais bon, aucun risque, c’est pas demain que je vais vous parler de manga ou de maid cafés.
Et puis quand on parle de vie quotidienne au Japon, il y a toujours ce travers tapi dans l’ombre et prêt à surgir au détour de chaque nouvelle phrase : la généralisation. Celle qui vous fait dire que le Japon est comme ceci et que les Japonais sont comme cela. J’ai toujours été assez sensible à ce genre de généralisation bien trop commune. Peut-être parce qu’ayant grandi dans une petite ville du Sud-Ouest de la France, je ne me suis jamais reconnu dans les descriptions de la France faites à l’étranger ; puis vivant aux États Unis, les descriptions du pays et de ses habitants venant de France n’ont jamais correspondu ne serait-ce qu’un peu à ma réalité. Maintenant, me voici au Japon et pourtant le Japon et les Japonais dont j’entends parler constamment sur certains blogs et médias me semblent être un peuple et un pays complètement bizarres, étrangers et à des lieux de ce que je vois et ce que je vis dans mon coin du pays. La raison n’est pas que mon coin du pays est très particulier, plutôt le fait que la grosse majorité de ce qui est dit sur le Japon n’est que petits détails locaux et souvent insignifiants qui se trouvent transformés en faits de société par certains journalistes et blogueurs. Puisque je mentionnais les maid cafés il y a quelques lignes, ils sont un des exemples parfaits de la chose. Nous avons ici une mode mineure et alternative, localisée à quelques quartiers de Tokyo, mais bien souvent la chose est présentée comme un phénomène majeur de société. Ce micro-phénomène est à mes yeux assez représentatif de la vision tordue qu’ont certains de mes compatriotes du Japon, et je ne veux pas ajouter ma pierre à cet édifice peu plaisant.
Donc, voila en gros pourquoi je ne vous parle pas de ma vie quotidienne qui n’est pas plus exceptionnelle que la vôtre, même si je vis dans ce lieu « exotique ».
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David, auteur moi même d’un blog qui parle surtout de pas grand chose (et pas très bien), je suis si nostalgique de mon trop court séjour au Japon que j’apprécie et enregistre tous les documentaires qui sont diffusés chez nous à propos de ce pays. Je suis toujours très gourmand des nouvelles de Takamatsu et de ses environs, surtout à propos de la vie de tous les jours de ses habitants, des petits détails qui font la différence avec mon quotidien. Un coin de rue, une vue sur la mer intérieur, un plat apprécié, une coutume, un comportement, un état d’être. Je prends tout avec gourmandise et très souvent admiration.
Sinon, côté idées reçues sur le Japon, connaîs-tu ce livre ?.
Disons que l’art est difficile. Comment parler de ces choses sans tomber dans les clichés ? Je pense toutefois le faire pas trop trop mal quand je parle des îles de Seto, et il est vrai que l’une des choses que je veux faire plus c’est prendre (et poster) plus de photos de coins de rue. Ensuite vient le fait que plus les lieux me semblent familier, moins l’envie de les prendre en photo me passe par la tête.
Je ne connaissais pas ce livre, mais j’en ai déjà lu d’autres de Philippe Pelletier, en général j’aime bien.